Trois ombres

Dans leur petit coin de campagne, Joachim et ses parents vivaient heureux. Jusqu’à ce qu’un jour, l’enfant fut pris de panique : il avait aperçu trois étranges ombres, à l’horizon, qui l’observaient. Il en parla à ses parents qui constatèrent effectivement que, de plus en plus souvent, trois cavaliers se postaient non loin de chez eux. Le père de Joachim essaya bien d’aller vers ces ombres pour faire cesser cette phobie qui s’était emparée des siens, mais tels des apparitions, les cavaliers disparaissaient immanquablement dès qu’on les approchait ou qu’on essayait d’entrer en contact avec eux.

Pour sa protection Joachim fut éloigné de la maison par son père qui embarqua avec lui pour "l’autre côté du fleuve", la région de leurs origines. Sans le savoir, le père et le fils partaient pour un énigmatique voyage…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Publicité

2 avis sur Trois ombres

Est-ce une réponse à la production manga ou est-ce le format qui permet aux auteurs de bande dessinée de s’exprimer en toute liberté bien mieux qu’avec un 48 pages A4 cartonné classique ? Je pencherais plutôt pour la seconde solution. Quoiqu’il en soit, Trois ombres est une bande dessinée qui compte plus de 260 pages en noir et blanc et qui est brochée au format comparable à celui de la collection Ecritures des éditions Casterman. Sauf que là, c’est la collection Shampooing de Delcourt, une collection dirigée par Lewis Trondheim et qui, si elle avait commencé à se faire connaître avec le format classique (OVNI, par exemple) et comme plutôt dirigée vers un public jeune, produit aujourd’hui beaucoup plus d’œuvres plus "compactes" et pour adultes – Les carnets de Joan Sfar, Chroniques Birmanes, etc…

Trois ombres est une histoire aussi belle qu’elle noue la gorge sur la fin. Car elle est aussi belle qu’elle est triste. Pour en résumer le thème, on pourrait citer cette phrase qui affirme que vouloir échapper à son destin, c’est y aller tout aussi sûrement mais par un autre chemin. Louis et Lise ne veulent pas perdre leur fils. Mais face au destin contre lequel ils ne peuvent rien, si toutes leurs tentatives sont vaines, elles auront au moins eu le mérite d’être faites…

Cyril Pedrosa nous offre une histoire toute en symboles et en sensibilité (une sensibilité qui contraste pourtant avec la carrure du père de Joachim !) et portée par un dessin aux styles différents. En fonction des scènes, il change. Parfois lisse, arrondi et au trait gras, parfois prenant des allures de tableaux au fusain, parfois encore il est composé de nombreux petits traits comme donnés au couteau (notamment pour les scènes dans lesquelles le père se métamorphose). Bref, le dessin de Cyril Pedrosa se fait multiple, prouvant l’éventail de ses talents.

Trois ombres est un bon petit pavé de bonnes choses, une belle occasion de mieux connaître cet auteur au travers une merveilleuse histoire d’amour familial. C’est aussi un livre que je suis content d’avoir dans ma bibliothèque. Ca ne s’explique pas toujours, ces choses-là : j’aime le voir parmi ces belles lectures que je garde précieusement.
 

Par Sylvestre, le 19 octobre 2007

Pour ceux ayant déjà lu « Ring Circus » ou bien les « Cœurs Solitaires », la qualité du dessin de Cyril Pedrosa n’est plus à louer. Mais on ne connaissait pas sa facilité à alterner les différents traits au sein d’un même album. Il passe du détail à l’épure, de la hachure au pinceau, au gré des différentes scènes, pour appuyer son propos et casser les ambiances. Tout ce travail sur le graphisme vient renforcer la puissance des émotions ressenties à la lecture de ce conte. Et quel conte !
A travers cette histoire de famille persécutée par des ombres et obligée de se désagréger pour fuir, l’auteur fait passer bien des choses à travers son récit. Son histoire est centrée autour de l’amour entre un père et un fils, qu’il décrit de manière simple ou bien métaphorique mais toujours avec une grande sensibilité. Il y a même quelque chose d’universel dans ce récit plein de poésie et de fantaisie. C’est une histoire poignante et un bien beau livre qu’a réalisé Cyril Pedrosa. Voilà un petit bout de BD qui, mine de rien, se fera sa place parmi les grandes et pourrait vite devenir une référence.
Laissez vous porter par ce récit qui vous chamboulera à coup sûr.

Par Arneau, le 26 novembre 2007

Publicité