Le triskel volé

Alors que se réveillent étrangement trois êtres magiques, dans la forêt, un jeune étudiant découvre le journal d’un chercheur ayant découvert semble-t-il les signes d’un ordre ancien peuplé d’anges et de démons. Il apprend ainsi l’existence d’un talisman celtique, gravé d’un triskel, que recherchent activement les trois créature magiques !

Par fredgri, le 9 janvier 2020

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Notre avis sur Le triskel volé

Annoncé initialement en avril 2019 sous le titre du "Pacte de la léthargie", ce nouvel album très attendu de Miguelanxo Prado débarque enfin en ce début d’année, nous proposant une sorte de fable qui explore le lien entre l’homme et la nature, mais aussi les dérives de l’industrialisation, par le biais d’une enquête haletante, sur les traces d’un ancien talisman celtique qui attise toutes les convoitises !

Tout commence avec le réveil de trois créatures mystiques, un démon, une fée et un nain qui appartiennent à un ordre païen très ancien, chargé de faire respecter un pacte sacré conclu avec les divers peuples de la terre pour vivre en harmonie avec la nature. Le temps a passé depuis qu’ils se sont endormis et le monde qu’ils découvrent est bien différent de celui qu’ils avaient laissé. Le constat n’est pas très compliqué: l’humanité a rompu ses engagements, perdant progressivement le lien avec son environnement qu’elle maltraite sans vergogne, épuisant les ressources qui lui sont offertes généreusement, de façon complètement irresponsable, précipitant ainsi son avenir vers une voie sans issue, irrémédiablement !
Et pour rééquilibrer les choses, la triade spirituelle réfléchis à des solutions assez radicales. Soit on éradique les humains (le démon propose alors de "rebooter" en quelques sorte le monde), soit on fait comme si de rien n’était. Mais pour cela il faut déjà remettre la main sur un ancien objet sur lequel est gravé un triskel… Le temps est désormais compté, c’est à celui qui retrouvera le premier l’objet… D’autant que ce dernier a mystérieusement disparu, alors qu’il avait été confié à un vieux professeur d’archéologie, Ancares Diaz !

Nous plongeons alors dans un thriller bourré de rebondissements, avec comme toile de fond des rayons de bibliothèque, un trafic d’antiquités et plusieurs questions existentielles qui posent un regard sur ce que nous avons fait de notre planète, sur le gouffre qui s’est immanquablement creusé entre nous et cette nature que nous vénérions jadis !

Le propos de l’album est des plus transparents. L’homme est devenu un nuisible qui ronge ce qui l’entoure. Prado introduit alors trois divinités fondamentales qui renvoient aux théories néodruidiques (avec cette triade des créateurs: Mew, Eningan (Ogan) et enfin Gwyon), prônant l’harmonie avec la nature, avec une idée forte de renouveau.
Le rapport au druidisme est important, car il n’est pas ici question de spiritualité religieuse, d’un rapport à de quelconques déités, Prado parle de la nature comme d’une entité vivante et éternelle, qui nous nourrit, nous protège et qu’il faut absolument préserver !

Un album particulièrement engagé, qui suit une idée, un combat, qui dénonce, voir même qui condamne… En substance, il est question d’un monde ancien, mystique, qui tente de retrouver son équilibre, malgré les ravages provoqués par les hommes. L’artiste pose un constat très dur sur le monde qui nous entoure !
Bien qu’il s’agisse en surface d’un thriller rondement mené et très enlevé, il n’en reste pas moins ce sous-texte plus engagé et critique sur les véritables enjeux écologiques modernes. N’y a y-il rien à faire ?

Le style graphique est très coloré, mais moins texturé que dans les derniers albums de Prado, comme pour concentrer le propos sur le paraître et sur l’histoire, plutôt que sur des effets de style qui pourraient parasiter le propos ! C’est l’histoire qui importe ! On a l’impression qu’il n’a pas voulu "parasiter" le propos avec un graphisme aussi poussé que ce qu’il a proposé sur Ardalen ou Proie Facile. Le traitement est plus classique, à l’aquarelle, très saturé. Il n’est plus question de papier coloré, de traitement au pastel, voir même de jouer sur les flous. Le trait est plus sobre, mais tout aussi expressif et magnifique !

Un album qui surprend et qui laisse songeur…

Une des très belles surprise de cette rentrée !

Par FredGri, le 9 janvier 2020

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