TRILOGIE DE LA CITADELLE (LA)
L'escalier vers les nuages bleus

 
La mère du jeune Song est cartomancière et son père, voleur à la petite semaine, ne rapporte pas plus d’argent qu’elle. Song, heureusement, a réussi à se faire embaûcher par l’administration britannique de Hong Kong dans un bureau de poste où, avec zêle, il se mettra à la difficile tâche de trier et de distribuer d’innombrables courriers qui, sinon, resteraient bloqués à jamais dans les rebuts.

Une lettre qu’il va tenter de remettre à un certain Monsieur Bao va le conduire à la citadelle de Koowloon, de l’autre côté du fleuve. Le fameux Monsieur Bao restera introuvable, mais les allers et venues de Song à la citadelle lui permettront de rencontrer jour après jour de très nombreux habitants de cette intrigante enclave réputée sale et mal fâmée et d’en percer peu à peu les mystères…
 

Par sylvestre, le 29 octobre 2016

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Notre avis sur TRILOGIE DE LA CITADELLE (LA) #1 – L’escalier vers les nuages bleus

 
C’est pour le Hong Kong des années 1920 fantasmé par les deux auteures américaines Anne Opotowsky et Aya Morton que l’on embarque lorsque l’on part à la découverte de cette bande dessinée vraiment originale. Au tout début de ce premier tome (sur trois) nous est proposée une carte de la ville, elle nous permet de situer les différents lieux dans lesquels les actions se déroulent. La citadelle n’y prend qu’une petite place ; sa taille s’avérera inversement proportionnelle à la richesse des situations qu’on y vivra aux côtés de Song et de ceux qui l’accompagneront ou croiseront sa route.

Song est facteur et en cela il est un vecteur de communication. Il est en outre extrêmement consciencieux et cette implication qu’il va d’entrée montrer dans son travail – pourtant rebutant au premier abord – sera synonyme d’acceptation parmi ceux au-devant desquels il va aller. Car personne ne s’aventure trop dans cette citadelle qui est réputée être une partie peu recommandable de Hong Kong. Song, lui, s’y rendra avec la pure intention de mener à bien sa mission et cet état d’esprit lui rapportera bien des amitiés et même la confiance de personnages importants qui voudront faire de lui leur ambassadeur à l’intérieur des remparts de la fameuse citadelle.

Ce lieu des "Nouveaux territoires" reste en effet bien secret pour qui n’ose pas s’y aventurer, tout comme il réserve bien des surprises à qui est volontaire pour s’y risquer ; voire s’y perdre. C’est un autre monde ! Et dans ce récit, il est représenté comme une kafkaïenne Tour de Babel où de multiples niveaux se superposent, reliés entre eux par des escaliers, des échelles de corde ou même des branches d’arbres ! C’est un véritable labyrinthe en soi : le décor parfait pour une aventure originale et exotique. A l’instar du tout Hong Kong de cette bande dessinée, d’ailleurs puisqu’on y rencontrera pêle-mêle une cartomancière, une prostituée, un voleur, un homme d’affaire à la nationalité indéterminée, un acrobate plus ou moins chanceux, un ami fidèle, des policiers bornés, des collègues jaloux, un poissonnier ému, un fumeur d’opium, une femme traumatisée de s’être fait rapter son bébé, etc, etc…

Oui, les "escaliers" que nous fait gravir cette BD nous propulsent dans un autre monde. Tout y est démesuré, à l’image de l’objet-livre lui-même, de son grand format et de ses presque 300 pages ! Quant au graphisme, il est aussi génial en son genre, entre simplicité et complexité, avec des couleurs hallucinantes mais qui laissent une très grande place aux zones non coloriées… C’est un style vraiment à part et c’est ce qui fait qu’on se met à adorer cette histoire aux ambiances nouvelles et enivrantes, aux mystères persistants, aussi, que des énigmes venant baliser la narration et les dialogues épaississent en donnant tout son poids à cette phrase qu’on trouvera à la fin de l’ouvrage : "Être clair n’est pas une vertu, la beauté réside dans les mystères."

Non, on n’a pas encore percé un centième des secrets des lieux après avoir dévoré ce tome 1, mais c’est à se demander si on n’a pas plutôt envie de plutôt continuer à se faire attirer par ces mystères puisqu’ils lancent pour nous un Song très volontaire dans sa complexe quête, et puisqu’on a trouvé un réel plaisir à mettre nos pas dans les siens !

Une superbe bande dessinée à découvrir aux éditions Urban China !
 

Par Sylvestre, le 29 octobre 2016

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