Enquête sur 40 ans de financement politique

Il faut beaucoup d’argent pour faire fonctionner un parti et, surtout, pour gagner des élections ! Les mouvements politiques ont donc toujours été très imaginatifs pour faire tourner la machine. Au gré des scandales financiers, le législateur a durci les règles et prôné la transparence. Les lois actuelles suffisent-elles ? Pas sûr car, même si les choses se sont améliorées, certains ne manquent pas d’imagination pour contourner les règles qui, par ailleurs, ne sont pas toujours faites pour assurer l’éclectisme politique.

Deux journalistes de la cellule investigation de Radio France se sont donc plongés dans les coulisses des partis pour savoir comment sont (vraiment) financées les campagnes électorales…

Par legoffe, le 24 septembre 2022

Notre avis sur Enquête sur 40 ans de financement politique

Delcourt publie ici l’intégralité de l’enquête parue par épisodes dans La Revue Dessinée à propos du financement des partis politiques. Un document dense et très intéressant, qui permet de mieux comprendre les mécaniques d’un univers qui conserve des zones d’ombre et beaucoup de non dits.

L’ouvrage s’intéresse à la politique française à partir des années 1980. Il faut dire qu’entre Chirac et Mitterrand, il y a déjà matière à raconter… A noter que ceux qui voudraient se plonger dans une période plus large devraient absolument lire Cher Pays de notre enfance, d’Etienne Davodeau (Futuropolis) qui vaut se pesant d’or et qui fait passer notre politiciens actuels pour des modèles de vertu.

Elodie Guéguen et Sylvain Tronchet racontent donc comment le législateur a essayé, au fil des années, de rendre plus saine et transparente la manne financière des partis, mais aussi par quels biais certains élus optimisent le système, voire l’adaptent à leurs intérêts.

On y trouve nombre d’affaires assez connues et récentes. Citons notamment les fraudes du RN en matière de kits de campagne ou de détournement de fonds européens, les contrats fictifs d’attachés parlementaires européens dans plusieurs partis politiques, Sarkozy et Bygmalion, etc.
Il s’agit là d’actes totalement illégaux.
Toutefois, les journalistes décryptent aussi des processus tout ce qu’il a de plus officiels, mais dévoyés de l’esprit d’origine, qu’il serait bon de revoir.

L’ensemble est raconté de façon claire, illustré par des dessins dans l’esprit « presse », qu’on ne pourra pas qualifier de jolis, mais d’efficace, avec parfois une pointe d’humour, via des propos très imagés.

On peut se dire, au terme de la lecture, que la justice rattrape la plupart des fraudeurs aujourd’hui, mais que cela se fait souvent dans un temps très (trop) long. Mais les propos du livre montrent aussi qu’il faudrait renforcer les moyens des contrôleurs et verrouiller plus strictement les canaux de financement en même temps que créer des dispositifs qui aident tous les mouvements. La tentation serait alors, peut-être, moins grande de contourner les règles.

Bref, si la BD enchaîne les éléments à charge contre le système, ses auteurs – on le sent – souhaitent d’abord apporter leur pierre à l’édifice pour qu’il s’améliore, en fournissant un certain nombre de réflexions salvatrices.

Par Legoffe, le 24 septembre 2022

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