Le travail m'a tué

Partant d’une histoire vraie, cet album nous raconte les étapes que traverse Carlos au sein du monde du travail, débutant assez jeune pour progressivement glisser vers une situation qui va le transformer en une victime de ce système qui pressurise les hommes !
"Après une longue enquête, les auteurs racontent, dans une fiction, comment un système de harcèlement est mis en place, à tous les niveaux de la hiérarchie, afin de pousser les employés au maximum de leurs capacités… Un système qui les pousse, parfois, à l’irréparable. Un grand récit-enquête sur le mal-être au travail."
L’éditeur

Par fredgri, le 19 juillet 2019

Publicité

Notre avis sur Le travail m’a tué

Le monde du travail !
On est entré dans une logique de productivité, avec des objectifs de vie, une volonté de se construire à travers son emploi, de s’y consacrer pleinement, quitte à faire passer un peu sa vie personnelle au second plan, quitte à faire du zèle au boulot. Après tout, plus on est performant, plus on est reconnu, plus on est socialement méritant ! Il faut donc travailler toujours plus, toujours plus intensément ! Et Carlos, le "héros" malheureux de cet album plonge de plein fouet dans cette logique libérale complètement déshumanisée et déshumanisante. Il s’investit, il s’immerge dans une totale soumission à son travail, à sa hiérarchie, persuadé que cette intensivité il la veut, que c’est sa façon de faire, que c’est comme ça que ça fonctionne. Les années passent et petit à petit le système devient plus palpable, moins opaque. On le pousse à la performance, on augmente les objectifs et on l’implique…
Il ne se rend pas compte qu’il perd pied… Jusqu’au moment ou…

Cet album décrit donc ce glissement vers le vide, la main mise d’un système de la performance au travail qui engloutit les êtres humains qui se laissent inconsciemment submerger par cette règle du jeu, cette hiérarchie qui se substitue au nécessaire.
Il s’agit donc bel et bien d’un drame qui se joue devant nous, presque une noyade lente et irrémédiable. Nous découvrons les techniques d’aliénation qui diluent l’initiative, qui embourbent le personnage dans une situation qu’il ne sent pas forcément venir ! L’entreprise devient alors une entité ou l’employé perd son statut d’être pensant pour se mettre au service des désirs des actionnaires qui ne voient évidemment que le rendement et les bénéfices.

Le scénario sait malgré tout rester à l’écart sans oublier pour autant l’aspect purement humain de cette histoire. C’est intense, mais on comprend aussi très bien le processus qui s’installe. On aurait envie d’aller rejoindre Carlos pour lui dire de faire attention, mais c’est ce qui est le plus touchant en fin de compte, ce sentiment que de toute façon on ne peut pas débrancher la machine à broyer !

Un album qui perturbe, mais qui nous ouvre les yeux ! Donc évidemment très conseillé !

Par FredGri, le 19 juillet 2019

Publicité