La cavale d'Angela Davis

Angela Davis est devenue une membre particulièrement influente et populaire parmi les militants communistes et les Black Panthers. Au point que le patron du FBI, Hoover, veut sa peau. Une prise d’otage dans un tribunal va lui servir de prétexte pour lancer la traque. Mais la jeune femme a-t-elle vraiment commis les crimes dont elle est accusée ?

Par legoffe, le 6 novembre 2020

Notre avis sur La cavale d’Angela Davis

Fabien Grolleau, connu pour ses biographies en BD, a été choisi pour retracer le parcours d’une militante hors normes, une figure emblématique de la lutte pour les droits civique et du féminisme. Un défi au regard de la complexité du personnage.

Plutôt que d’opter pour une trame strictement chronologique, l’auteur prend le parti de se focaliser sur un moment particulier de l’existence de l’héroïne (sa traque par le FBI). Le récit est ainsi découpé en épisodes courts, qui permettent d’intégrer des moments clés de la vie d’Angela Davis. On découvre ainsi son passé tout en voyant les mailles des filets de la police fédérale se resserrer sur elle.

Les faits ont beau se dérouler il y a une cinquantaine d’année, le récit parait encore actuel par certains aspects. Les différentes bavures policières qui ont entaché, récemment encore, l’actualité américaine sont là pour le démontrer.
Mais Fabien Grolleau n’a pas voulu faire de cette bande dessinée un ouvrage sur le combat pour les droits civiques. Comme il le dit lui-même dans l’interview publiée en fin d’album, « ce n’était pas les idées ou les combats d’Angela le sujet (j’espère qu’ils passent un peu malgré tout), mais bien l’acharnement d’une société dominante blanche et masculine sur une société noire, et sur Angela en particulier (noire, femme, féministe et communiste) qui était le véritable sujet du projet. »

Le résultat est conforme aux objectifs de l’auteur. La haine des autorités vis-à-vis d’Angela – et de ce qu’elle représente – transpire dans toutes les pages, tout comme cette pression de la société blanche. Sans oublier le machisme qui, pour le coup, n’a pas de couleur, car l’héroïne le dénonce aussi de la part de ses amis du Black Panthers.

Cette plongée dans l’Amérique des années 60-70 est édifiante. Elle a aussi le mérite de rendre hommage à un personnage brillant qui s’est toujours battu pour les causes qui lui paraissaient justes, et qui le fait encore aujourd’hui.

L’auteur a vraiment cherché à rester au plus près des faits sans se faire déborder par le personnage, sans doute par souci d’objectivité.
La BD peut donc être vue comme une excellente référence sur cette affaire. En contrepartie, et malgré le souhait de Grolleau de se focaliser surtout sur Angela, j’ai trouvé le récit parfois trop factuel. J’aurai aimé rentrer un peu plus dans les émotions et les pensées des différents protagonistes, de creuser un peu plus leurs idées, leurs doutes. Mais avec le risque, bien sûr, de tomber un peu plus dans le roman autobiographique. Pas facile de tracer les frontières !

Au dessin, saluons le très bon travail de Nicolas Pitz, qui signe des planches assez réalistes, mais avec son trait très personnel. Tout est impeccablement retranscrit, et les protagonistes sont toujours très expressifs. Pitz donne vraiment de l’âme aux personnages, ce qui est un plus dans un livre qui veut raconter au plus près de la vérité les faits historiques.

Par Legoffe, le 6 novembre 2020

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