La Résistance dans la bande dessinée de 1944 à nos jours

 
Ce livre a été publié à l’occasion de l’exposition "Traits résistants : La Résistance dans la bande dessinée de 1944 à nos jours" organisée du 31 mars au 18 septembre 2011 au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, avec le concours du Musée de la Résistance Nationale sis à Champigny sur Marne. Coécrit par différents auteurs spécialistes en histoire ou en bande dessinée, mais également par des responsables des entités organisatrices, il est un ouvrage de très belle qualité qui, s’il n’est pas à proprement parler un "catalogue de l’exposition", devient néanmoins un excellent complément-souvenir pour ceux qui auront vu l’exposition et un très intéressant livre bien documenté pour tous les autres.
 

Par sylvestre, le 1 avril 2011

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Notre avis sur La Résistance dans la bande dessinée de 1944 à nos jours

 
La première guerre mondiale et ses tranchées, mais la seconde aussi, notamment avec l’extermination des Juifs, ont fait l’objet de très nombreux travaux et expositions. Il n’en était pas véritablement de même pour le sujet de la Résistance, et cet ouvrage, tout comme l’exposition à laquelle il fait écho, est là pour participer à rattraper ce retard et ce à travers le spectre (cela dit bien spécifique) de ce qu’en a montré le neuvième art.

C’est aux éditions Libel qu’est paru ce beau livre comptant 10 chapitres signés chacun par une plume différente et rassemblant quelques annexes. Certains chapitres sont plutôt axés histoire quand d’autres s’attachent plus à des œuvres en particulier. C’est en tout cas dans sa majeure partie un bel hommage à des héros de papier plutôt oubliés, et par extension, à leurs auteurs.

Cette lecture n’est pas qu’un catalogue, qu’une longue liste de références : elle nous fait également ouvrir les yeux sur différentes choses à travers les textes qu’on peut y lire. Traits résistants nous parle par exemple de cette différence qu’on peut juger entre les "vrais" artistes ou éditeurs résistants et ceux qui sont devenus résistants parce que ça les arrangeait. La pénurie de papier était forte en ces temps de guerre et il fallait parfois pour les professionnels "brosser les autorités dans le sens du poil" pour avoir l’autorisation de publier ou pour justement avoir accès au papier. Et donc, côté auteurs, pour pouvoir s’exprimer. C’est ainsi que certains acceptaient de publier quelques surfaces de propagande pas forcément en phase avec leurs idées, dans leur revue, pour gagner le droit de la publier (et d’y mettre ensuite ce qu’ils voulaient). Ce genre de choses, on l’oublie lorsque l’on parle de la guerre. Parce que la question de l’édition est moins importante que beaucoup d’autres, plus graves, durant ces périodes ; mais il n’empêche que dans une certaine mesure, la vie continuait malgré tout et que justement, l’édition, vecteur de résistance lorsqu’elle répondait aux publications pronazies, était donc aussi vecteur d’espoir.

De nombreux héros de BD estampillés résistants sont présentés dans ces pages, et d’assez nombreuses illustrations les rappellent à notre bon souvenir. Certains noms ne diront rien à beaucoup, mais ils deviendront familiers au fil des pages et pousseront chacun à vouloir en savoir plus. Et il y en a de la diversité ! Certaines BD étaient par exemple réalistes quand d’autres étaient nettement plus fantaisistes, comme celle (pour ne citer qu’elle) qui nous rend témoins d’un face à face entre Tarzan et Hitler !!!

La BD La bête est morte ressort comme étant une grande référence du thème. Grâce à son utilisation de personnages anthropomorphes, elle nous rappelle d’ailleurs immanquablement Maus, de Art Spiegelman et nous rappelle le pouvoir du dessin et de ses symboles pour pouvoir s’adresser au plus grand nombre ou pour insinuer et critiquer, par exemple par la caricature. Si La bête est morte est de nombreuses fois citée, certains chapitres abordent d’autres œuvres en particulier. L’un est consacré notamment à la récente bande dessinée La résistance du sanglier que l’on (re)découvre grâce à une interview de son auteur. Un autre nous dévoile un inédit de Guido Crepax. Un autre encore traite du film d’animation Wrill écoute la BBC

A noter aussi un très intéressant chapitre sur la collection de "petits formats" de la BM de Lyon et sur le Dépôt Légal !

Bref, Traits résistants est une lecture qui nous ramène dans le temps autour d’un sujet dont on n’a pas encore eu les oreilles rebattues. Si les tournures des textes sont parfois un peu difficiles d’accès ou si l’iconographie ou les exemples donnés se répètent parfois, il n’en reste pas moins que ce livre est un document indispensable aux amateurs d’histoire de la BD et du traitement d’un sujet précis en relation avec leur (notre) passion pour la BD.
 

Par Sylvestre, le 22 avril 2011

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