TRAINS DE LÉGENDE
Le Transsibérien

En 1979, au Canada, afin de remplir ses journées, Eva a repris ses études pour se mettre à la photographie. Ce qui n’est pas pour plaire à son mari David, un tantinet jaloux, qui la surveille du coin de l’œil. Leur couple, d’ailleurs, bat de l’aile, chacun ayant une part secrète qu’il tait à l’autre et qui crée évidemment de la suspicion. Ayant gagné le gros lot à une tombola organisé par un supermarché, le couple trouve alors l’occasion de se rabibocher en partant pour un voyage en Russie, le pays d’origine d’Eva, à bord du fameux Transsibérien. Ce périple au long cours sur l’une des lignes ferroviaires les plus longues au monde qui aurait pu être des plus romantiques, va prendre une tournure insoupçonnée et se transformer en un véritable jeu de dupes, entre un touriste américain lourdingue, deux étudiantes ingénues et deux sinistres personnages vêtus de noir. Il est vrai que les deux grandes puissances que sont les Etats-Unis et l’URSS continuent leur guerre idéologique et que cette dernière va peser de tout son poids dans les relations des deux tourtereaux.

Par phibes, le 8 février 2015

Notre avis sur TRAINS DE LÉGENDE #3 – Le Transsibérien

Profitant de leur série-concept sur les trains de légende initiée par l’Orient-Express, les éditions Soleil mettent à l’honneur non pas un train mais une ligne de chemin de fer célèbre pour sa longueur exceptionnelle (elle mesure plus de 9200 km et relie Moscou à Vladivostok), au travers d’une aventure réalisée par tout un consortium d’artistes motivés par l’exercice.

Duo indissociable, Grégory Lassablière et Fabrice David (Les voies du seigneur, Carthage, Le crépuscule de Tellure…) se retrouvent donc une nouvelle fois pour nous plonger dans une équipée mouvementée qui prend pour base la voie ferrée susdite et qui met en scène un couple de personnages somme toute assez communs avec ses travers mais qui, en définitive, de par ce qu’ils vont vivre, ont beaucoup de choses à dire (et pas que des bonnes, malheureusement !).

Force est de constater que cette aventure a quelque chose de prégnant par le fait que les personnages qui y interviennent, dans le contexte de guerre froide, joue un jeu en parfaite adéquation avec l’affrontement des deux blocs est et ouest. C’est sous le couvert de secrets (et d’agents secrets) bien dissimulés que se déroule le fameux voyage à travers la Sibérie, secrets que les coscénaristes ne manqueront pas, au fur et à mesure de la progression de leur épopée, d’amplifier et également de déliter. A cet égard, l’on concèdera que, lancée à grande vitesse, cette fiction fonctionne à merveille (structure et fluidité) et parvient à créer de bonnes surprises suscitées par la découverte du véritable rôle de chaque intervenant et de ce que cette mise à nu va impliquer dans le couple d’Eva et David.

La partie graphique a été confiée à deux dessinateurs, l’un au crayonné (Isaac M. Del Rivero), l’autre à l’encrage (Juan Albarran). Ce travail à quatre mains, complété par une colorisation impeccable, se veut de haute volée, traduisant une recherche documentaire indéniable et une volonté d’être au plus cohérent avec le territoire et la période traités. Les personnages ont de la consistance et font mouche dans leur double-jeu.

Une histoire complète, établie sur la base d’une prouesse technique et humaine exceptionnelle, très bien équilibrée et qui se lit plaisamment.

Par Phibes, le 8 février 2015

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