TOXIC
Toxic

Doug se réveille dans une pièce rectangulaire aux murs de briques, un pansement à la tête. Au fond près d’un trou noir et béant, son chat – pourtant mort depuis plusieurs années – miaule. Il semble s’adresser à son jeune maître coiffé d’une houppette de cheveux bleus… Doug se lève, traverse l’ouverture du mur et débouche dans un monde étrange peuplé d’humanoïdes aux meurs peu ragoutantes. Où est-il ? Est-ce un rêve…

Par melville, le 12 novembre 2010

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Notre avis sur TOXIC #1 – Toxic

Avec Toxic, les Editions Cornélius nous proposent la traduction du nouveau livre de Charles Burns, X’ed Out dans son titre original et cela en même temps que sa sortie aux Etats-Unis. Une belle initiative que l’on peut souligner avec ferveur !

Charles Burns est un auteur américain à l’univers atypique et très marqué, notamment connu pour avoir réalisé Black Hole, il aime aborder les thèmes de l’adolescence et de son mal être avec un regard « torturé » et dénué de toute complaisance. Et Toxic, premier volet de son nouveau triptyque s’inscrit directement dans cette lignée.

Toxic est récit tourmenté, glauque et morbide. Se plonger dans sa lecture c’est comme errer dans un labyrinthe à la fois complexe et subtil, c’est être au départ le témoin des angoisses d’un auteur puis peu à peu sombrer soi-même dans le doute… Et s’il trouble, Toxic fascine également, il nous emporte dans une dimension autre, au-delà de la conscience et de la raison…

Le héros de l’histoire ressemble étrangement à Tintin et les allusions à l’univers d’Hergé sont nombreuses. Quel en est le sens, on l’ignore encore à la fin de se premier tome, mais une chose est sûre et bien tangible, cela apporte une pesanteur supplémentaire à l’atmosphère qui se dégage du propos de Charles Burns. Le scénario est assez mystérieux et pose les fondations d’un décor singulier où se mêle une science-fiction aux teintes surannées et des scènes plus « concrètes » où s’exprime à travers d’un punk-art vieillissant une jeunesse en mal de repères. La narration est elliptique et construite de retours en arrière et de projections dans un monde métaphorique. Très découpée, elle n’entache pourtant en rien la fluidité de la lecture, en cela réside une part du grand talent de ce véritable artiste. Les dialogues quant à eux sont percutants et incisifs, ils emportent le lecteur dans cette spirale infernale.

Pour la partie graphique, Charles Burns opte pour la couleur et son trait mue en une ligne claire, mais une ligne claire aux accents grunge. La rigueur froide de l’école franco-belge de la ligne claire – dont Hergé était l’un des représentant majeur – et la fougue passionnée et orageuse naturelle du trait de Burns fusionnent avec une alchimie déroutante. Le résultat final est superbe et porte le récit dans sa transe.

Drogue, sexe, art et quête de soi sont au cœur de cet étrange récit aussi malsain qu’il est captivant. Un moment de lecture qui n’est pas forcement simple, mais qui créer une implacable addiction chez le lecteur. A découvrir, vraiment…

Par melville, le 12 novembre 2010

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