Tous les héros s'appellent Phénix

Il fait déjà nuit, mais Cha et Phénix sont encore sur le chemin du retour de l’école en raison d’une roue de vélo crevée. C’est alors que passe en voiture M. Smith, professeur principal de Phénix. Il les ramène à la maison et assiste à un étonnant spectacle. La maman des deux jeunes filles a fait un grand feu sur la berge du lac pour détruire la barque de leur père, qui est parti sans donner de nouvelles depuis des mois.

La vie n’est donc pas facile au quotidien, d’autant que leur mère doit souvent s’absenter pour son travail. Mais M. Smith semble se prendre d’affection pour la famille. Il raccompagne les filles tous les jours chez elle. Entre lui et leur maman, une complicité s’installe et il vient bientôt vivre chez elles.

Par legoffe, le 21 août 2020

Notre avis sur Tous les héros s’appellent Phénix

En se lançant dans l’adaptation du roman éponyme de Nastasia Rugani, Jérémie Royer n’a pas choisi la facilité. D’une part, il s’agit d’un livre à succès, connu pour sa force et son ambiance angoissante. D’autre part, le sujet est particulièrement sensible puisque l’auteur raconte l’engrenage terrible dans lequel est entraînée une collégienne que le beau-père va se mettre à battre.

L’histoire commence pourtant plutôt bien. M. Smith semble être l’homme idéal : gentil, prévenant, drôle… Mais les apparences sont parfois trompeuses. Un certain nombre de personnes parviennent à jouer un rôle populaire devant la majorité des gens, tout en étant de véritables monstres une fois rentrés chez eux.

Le récit décrit bien cette installation progressive de la violence, cette emprise psychologique et cette peur qui font garder le silence à la victime. On enrage devant une telle situation, aussi inquiétante qu’injuste. On se sent assez proche des deux soeurs, qui sont attachantes. Quelques personnages secondaires sont également intéressants, mais le format BD ne permet pas de les développer et de nous les faire mieux connaître.

L’auteur réalise un beau travail. Les planches sont très jolies. J’aime beaucoup son coup de crayon, ses couleurs… Le choix est d’ailleurs assez paradoxale avec le sujet. On peut y voir la volonté de l’auteur d’installer un grand contraste entre un univers apaisant (l’histoire a pour cadre la campagne nord-américaine, avec ses lacs et ses forêts) et une situation terriblement angoissante.

Mais cette voie n’est pas totalement convaincante. La montée de la peur ne se ressent pas à sa juste mesure. Il manque à cette bande dessinée une certaine intensité dramatique, qui est un des ciments de ce type de récit. C’est particulièrement frappant sur la fin du livre, dont la conclusion aurait dû livrer plus de force.

C’est donc un beau roman graphique que réalise Jérémie Royer, mais on sent qu’il manque ce petit quelque chose qui aurait changer l’expérience du lecteur face à ce sujet bouleversant.

Par Legoffe, le 21 août 2020

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