Ta mère la pute

A Montmorency, quatre cités voisines dressaient leurs barres d’immeubles sans fin et se partageaient un terrain de sport, un bois voisin et des arrêts d’autobus où Gillou, Jojo, Tonio et leurs potes se retrouvaient en bande. Ils n’avaient pas grand-chose à faire, dehors, mais c’était là où ils pouvaient se rancarder pour refaire le monde, jouer au foot, faire des conneries, se faire engueuler et prendre des torgnoles par les plus grands ou par leurs parents, une fois qu’ils rentraient penauds, crados ou trop tard…

C’était pas rose, la vie dans la cité… Et certaines insultes étaient d’ailleurs moins anodines qu’il n’y paraissait… Mais grâce à une cassette audio, toujours la même, qu’ils écoutaient ensemble en boucle et qu’ils se prêtaient les uns les autres, Gillou et ses potes se sentaient des amis unis… Jusqu’à ce qu’une engueulade (pourtant semblable à de nombreuses autres, au départ) autour de cette fameuse cassette tourne mal et détruise ce lien qui existait entre eux, et entre eux et leur cité…
 

Par sylvestre, le 5 février 2011

2 avis sur Ta mère la pute

Après Temps mort où il se mettait en scène adulte, Gilles Rochier revient sur le thème de la vie dans la cité en "rembobinant" pour se retrouver gosse parmi d’autres, faisant le pied de grue en bas des immeubles.

Avec un dessin aux couleurs gris béton, il rassemble quelques souvenirs précis nous permettant de sourire de certaines choses, mais nous permettant aussi de faire le point sur des réalités plus crues : le désoeuvrement, la violence, le malheur et la honte qui touchaient certaines familles, aussi. Quelques bastons, quelques vitres brisées… Pas trop de seringues, d’incendies ni de rodéos. Pas de viols dans les caves ou de meurtres barbares, non plus… C’était quelques années après 1968, et à cette époque, la cité n’était pas encore ce qu’elle a pu devenir d’aujourd’hui et ce que les media veulent bien nous en montrer. Mais c’est tout de même avec beaucoup d’amertume dans ses souvenirs que l’auteur nous raconte cette histoire, son histoire.

Oui, Gilles Rochier est un auteur urbain lucide, et avec TMLP (Ta mère la pute) il signe une chronique sociale qui paraît à la fois loin et toute proche ; en même temps qu’il fait ressurgir quelques loups du passé, les couchant sur le papier comme pour mieux les exorciser…

C’est brut, c’est cru. "La banlieue, c’est pas rose… La banlieue c’est morose…"
 

Par Sylvestre, le 5 février 2011

TMLP est la BD que j’attendais depuis quelques temps. Une bande-dessinée qui vous prend, qui vous absorbe et qui ne vous lâche plus.

Il y a plusieurs raisons à cela, et la première, la plus évidente, est la qualité d’écriture de Gilles Rochier. Une voix-off percutante et concise. Des phrases très courtes. Qui tapent le bitume et résonnent dans nos têtes, nous obligeant à ralentir notre lecture pour bien saisir l’importance de ce qui est raconté.

Ajoutons à cela une ambiance à la Baru, où le contexte social est très présent et pèse, mais ne fait qu’enrober une vraie histoire au milieu. Une historie réaliste comme on en connait plein, avec des gamins à cheval entre la dureté sociale qu’il ramasse en plein face et leur aptitude à basculer dans un imaginaire, leur monde à eux. Il s’en dégage alors une certaine légèreté, bien entendu un peu amère…

Et puis le dessin. Un peu caricatural, dur et drôle à la fois. Le trait fin et vif de Gilles Rochier s’emploi à montrer des gueules pleines de vie, très parlantes.

TMLP est une bande-dessinée qui compte, atypique et forte. De celle dont on se souvient, parce que l’auteur arrive à retranscrire tout un flot d’émotions à partir de scènes de vies vécues. Tout en pudeur, tout en humilité, tout en sincérité.

Poignant.

Par Placido, le 11 juillet 2014

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