Tintin sur le divan

 
L’auteur Gérard Guasch est médecin psychosomaticien et analyste. Quatorze ans après Arsène Lupin, c’est en 2011 le célèbre reporter globe-trotter Tintin qu’il allonge sur son divan, acceptant que Milou prenne part à l’exercice, celui-ci étant reconnu comme une extension du héros de BD.

Des histoires, Tintin en a vécues. Des choses à raconter, il en a donc beaucoup ! Mais plus que celles que le jeune homme à la houppe pourrait raconter en faisant appel à sa mémoire, il y a aussi celles qu’il raconte inconsciemment par son comportement et par ses attitudes tout au long de sa carrière de papier…
 

Par sylvestre, le 3 novembre 2011

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Notre avis sur Tintin sur le divan

 
L’entrée en matière est sympathique et vivante : dans son prologue, l’auteur fait en effet du personnage de Tintin un patient comme un autre à qui il a donné rendez-vous dans son cabinet. Quelques phrases assez banales sont donc échangées entre les deux hommes, mais des phrases qu’on ne connaissait pas à Tintin dont tous les mots ont déjà été passés au peigne fin par ceux qui ont bien voulu s’en donner la peine ! Des phrases d’un Tintin inédit, en quelques sortes, d’un Tintin dont on a donc encore à apprendre. Et c’est ce qui nous réjouit !

Suivent quelques explications de termes et quelques références pour nous rappeler le caractère analytique de l’exercice qui va être mené tout au long de l’ouvrage avant que la place soit laissée à la dissection des aventures de Tintin par l’auteur. Choix qu’on pourrait regretter dans la mesure où l’on aurait sans doute préféré entendre Tintin parler de lui-même, mais choix compréhensible si l’on considère que le patient d’un psy n’est pas le plus à même de s’analyser soi-même et qu’il n’est pas question non plus pour l’auteur de trop donner à Tintin une parole libre qui pourrait l’éloigner de qui il est, de qui il a toujours été et de qui il devrait rester…

Sur 280 pages, la récolte aux petits détails est ouverte. Une récolte dont les fruits seront soupesés, goûtés et partagés, précisant l’un après l’autre le portrait nouveau du Tintin que Gérard Guasch ambitionne de révéler. Des fruits qui pour la plupart auront par contre un goût sans réelle surprise, les lecteurs ayant déjà beaucoup lu sur Tintin et son univers risquant d’en apprendre moins que les autres. Mais qu’à cela ne tienne ! On s’est habitué (à force), à cette toile de références qui n’en finit pas de se tisser d’un livre à l’autre, les différents auteurs s’étant attelés à l’étude de Tintin ne manquant pas de se citer les uns les autres ou de reprendre pour illustrer leur propos des extraits de leurs différents travaux… Enfin, c’est toujours un plaisir pour qui aime de suivre un nouveau regard sur quelque chose de déjà vu et raconté par d’autres !

On pourra se faire la remarque que le fil conducteur de l’analyse est fort peu original puisqu’on suit les albums des aventures de Tintin dans leur ordre chronologique, "picorant" dedans au fur et à mesure. Mais on reconnaîtra que c’est une méthode pratique et logique, Tintin étant ainsi observé depuis "un" début jusqu’à "une" fin…

De ce rallye intellectuel ressortiront les grandes lignes des traits de caractère du Tintin vu par l’auteur. Traits de caractères pour certains rassemblés dans un chapitre vers la fin de l’ouvrage en une liste d’adjectifs représentatifs où chaque item est intéressant et argumenté, mais où l’on pourra peut-être être gêné par le côté quelque peu bancal de ce catalogage : car en s’arrêtant sur des qualificatifs précis, Tintin qu’on est sensé mieux cerner après cette lecture pourra au contraire nous paraître parfois paradoxal… Oui, à partir de ce que le héros de papier montre dans des temps parfois très limités, l’auteur lui colle finalement parfois une étiquette indélébile, et ainsi, on aura par exemple lu de Tintin qu’il est patient, mais également qu’il est fonceur. Ou des antagonismes comme cela… Attention aux généralités !

Mais allez, pas de quoi crier au scandale. Car c’est bien ainsi que Tintin reste un héros de l’imaginaire : comme on ne le connaît pas en dehors ses aventures, il est logique de le promouvoir "ce qu’il montre être". (Au risque de le catégoriser à tort suite à un geste malheureux qu’il pourrait avoir eu !) Et il est logique de voir des chercheurs tintinophiles de tout poil continuer d’essayer de mieux savoir "qui il est quand on ne le voit pas" en le déduisant à partir de ce qu’il nous donne à voir !

Prenez place dans votre fauteuil en même temps que Tintin et Milou s’allongent sur le divan de Gérard Guasch, et partez (sans craindre un "côté psy" d’ordinaire repoussoir) pour une relecture originale avec "décortiquage" action par action des aventures du plus célèbre reporter du 9ème art !

Tintin sur le divan, aux éditions L’Archipel.
 

Par Sylvestre, le 3 novembre 2011

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