Tintin schizo

 
Sommaire :  
 
– Tintin schizo
– Ce que les îles attendent de Tintin et ce qu’il y cherche
– L’étoile malheureuse
– La perversion de Tintin
– Tintin amnésique ?
– Le paganisme de Tintin
– Errances et stases
– Tintin en vitesses
– Il était un petit navire
– Echolalie, bruits et langages
– Tintin en couleur
– Terreur de la musique
– Cherchez la femme !
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Tintin schizo

 
Présentez un rond à certains, et, à force de vous en parler, ceux-ci finiront par vous convaincre qu’il est carré, voire cubique, et d’une couleur qui n’est pas celle que vous lui voyez. De la même manière, prenez l’œuvre de Hergé et laissez s’y pencher ceux qui se plaisent à la décortiquer pour en extraire tout ce qu’ils ont envie de lui faire révéler. Vous obtiendrez des livres comme celui de Pierre Sterckx, des essais dans lesquels tous les sujets peuvent être abordés car y ayant forcément une réponse dans l’œuvre de Georges Rémi.

"Tintin schizo", le premier chapitre, a donné son nom à cet ouvrage. L’auteur attire l’attention du lecteur avec cet adjectif en misant sur la notion qu’on attribue plus généralement à ce mot, une notion clinique, voire négative. Et pourtant, il va baser sa rédaction sur le fait qu’il voit en Tintin un schizoïde et non un schizophrénique. Schizoïde, dans le sens entendu par Gilles Deleuze et Félix Guattari : Tintin s’active et en devient créateur.

De nombreuses références parsèment le texte. Celles aux albums des aventures de Tintin sont réduites au minimum, ce qui est bon pour le texte qui s’en voit ainsi plus allégé que si les titres étaient reportés à chaque fois dans leur intégralité. Par exemple, "Le lotus bleu" devient "Lotus", "Tintin au pays des Soviets" devient "Soviets", etc… D’autres reviennent qui concernent les livres de Benoît Peeters. Il faut dire que Sterckx a co-écrit avec lui. D’autres encore sont nombreuses qui concernent la peinture ou la musique… Et d’autres enfin peuvent gêner ; ce sont les références qui sont faites à des livres que Sterckx, ami de Hergé pendant vingt ans, n’a pas aimés, et qui lui font avoir les tournures de phrases de celui qui toise l’autre en étant sûr d’avoir la bonne analyse. Toutes ces références ne plombent heureusement pas le texte qui se lit bon an mal an assez fluidement. Pas comme d’autres essais qu’on a pu lire où toutes les deux lignes, il faut descendre là où nous invitent les astérisques !

Sterckx s’amuse à bien utiliser le français et à gorger son texte de mots peu usités dans la vie de tous les jours. Si cette pratique ne suffit pas à elle seule à classer l’écrit comme étant sérieux, elle a quand même le mérite de décrasser les neurones des lecteurs et d’inviter ces derniers à retrouver le chemin des dictionnaires ! Tintin schizo n’est donc probablement pas à lire d’un trait. Vocabulaire soutenu, multiplicité des exemples donnés… Il faut aborder ce texte comme on le ferait d’un pousse-café : c’est du "un peu fort" par rapport à ce qu’on prend d’habitude, mais une petite rasade de temps en temps divertit, explique, montre les choses autrement, et fait du bien !

Tintin schizo est un autre titre qui ravira tintinophiles et autres lecteurs qui souhaitent une fois de plus regarder le héros bien connu sous un autre angle. Il est paru dans la collection "Réflexions faites" des éditions Les Impressions Nouvelles dont le site internet très bien réalisé est à visiter absolument (vous pourrez y consulter de nombreuses pages de leurs ouvrages).
 

Par Sylvestre, le 1 décembre 2007

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