Tintin, du cinéma à la BD

 
Pour Tintin, du cinéma à la BD, l’auteur Bob Garcia s’est attaché à repérer dans les films parus du vivant de Hergé des scènes, des personnages ou des situations dont le père de Tintin se serait inspiré pour alimenter les aventures de son célèbre reporter. Un exercice original qui nous replonge dans les albums BD mais qui remet aussi en lumière, le temps des 275 pages que compte l’ouvrage, un grand nombre de films plus ou moins oubliés et d’acteurs et d’actrices ayant peu ou prou marqué le septième art.
 

Par sylvestre, le 17 septembre 2019

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Notre avis sur Tintin, du cinéma à la BD

 
Tintin a séduit, Tintin a évolué. Tintin a perduré, aussi, et, pour qu’on en apprenne toujours un peu plus, pour le rendre éternel, ses plus grands fans n’en finissent plus de décortiquer et d’analyser les albums de ses aventures. A tout propos ! Ils s’intéressent aussi à son "père" Hergé, c’est inévitable. Et écrivent aussi des livres à son sujet, ajoutant ainsi, contribution après contribution, à la déjà impressionnante bibliographie tintinologue.

Un auteur parmi les plus prolifiques est Bob Garcia qui nous propose dans cet ouvrage une réflexion sur les sources d’inspiration de Hergé en se focalisant sur le cinéma et plus précisément sur les films que Hergé est susceptible d’avoir vus, desquels il a pu entendre parler ou à propos desquels il a pu lire des articles. Le travail de Bob Garcia a consisté, pour la faire courte, à faire des comparaisons entre des scènes qui ont été filmées et dont Hergé se serait manifestement inspiré, entre de véritables acteurs et des personnages qu’il a "créés", etc, etc…

Comme d’autres livres sur l’univers de Tintin, Tintin, du cinéma à la BD a cette structure finissant par s’apparenter à celle d’un catalogue. En effet, après deux parties éclairantes sur les genres cinématographiques, sur les "procédés cinématographiques" utilisés par Hergé et sa manière de raconter ses histoires (comparée à celle d’Alfred Hitchcock), une troisième partie (la plus longue, intitulée Influences cinématographiques par œuvre) reprend chacun des albums des aventures de Tintin et liste les ressemblances troublantes entre les bandes dessinées et les films que Bob Garcia a voulu retenir. Vu le nombre d’albums de Tintin (et sans parler de Quick et Flupke et de Jo, Zette et Jocko), la pagination grimpe donc vite et le corpus du livre devient rapidement un "petit pavé".

Bob Garcia parvient à mettre plusieurs films en face de chaque Tintin ; quelques-uns, parfois, se retrouvent associés à plusieurs albums. La plupart des observations qu’il fait sont très intéressantes (il pointe par exemple des scènes qu’Hergé a puisées ailleurs entièrement !) quand d’autres sont un peu moins évidentes mais, dans tous les cas, on sent le travail acharné et sincère du tintinophile, de celui qui veut mieux comprendre ; au risque de prendre quelques pardonnables libertés. Cependant, l’auteur de Tintin, du cinéma à la BD nous le répète clairement : il est conscient de la subjectivité du résultat de son travail. Forcément ! Puisque si Hergé a laissé des exemples indiscutables – sur le sujet qui nous intéresse – lors d’interviews ou dans des articles qui ont été écrits de son vivant, il n’est par contre plus là pour confirmer ce que suppose, pressent et écrit Garcia aujourd’hui !

On sait qu’avant l’avènement d’internet (mais ils doit en exister encore) certains auteurs collectionnaient moult coupures de journaux, photos et autres documents pour s’aider à dessiner et à concevoir. Ils en avaient des caisses, des étagères, voire des pièces entières ! Car, eh oui : pas besoin de voyager à l’autre bout du monde quand les illustrations d’un reportage peuvent vous montrer à domicile ce que vous vouliez (sa)voir ! Et Hergé était de ceux-là, de ceux qui rassemblaient le plus d’informations possibles pour s’appuyer dessus et rendre ensuite les aventures qu’il dessinait les plus crédibles possibles.

Dès lors, une association film/BD que Bob Garcia fait n’est pas forcément vraie. Prenons par exemple le chauffeur du train qui passe la tête par la fenêtre (page 46) : c’est vrai que la comparaison des visuels proposés est troublante et qu’il est "très possible que"… Mais on peut tout aussi bien imaginer que c’est dans une revue spécialisée dans le rail qu’Hergé a "pioché" ce même train pour en faire dépasser ensuite son Tintin. Et ainsi de suite : oui, beaucoup de choses peuvent "matcher", mais oui aussi, peut-être qu’il n’en est rien. Ou "de loin", ou "inconsciemment"…

Complet ou pas, prouvé ou pas mais avec plein d’exemples illustrant les thèses de son auteur, Tintin, du cinéma à la BD remettra à l’honneur de vieux films et apportera aux tintinophiles une nouvelle dose de lecture qui nourrira un peu plus leur passionnante addiction en les renvoyant dans l’époque, dans la civilisation, bref, dans l’univers de Tintin et de Hergé. Et se devra donc de figurer dans leur bibliothèque, mille millions de mille sabords !

Par Sylvestre, le 17 septembre 2019

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