THEOREME DE KARINTHY (LE)
Le théorème de Karinthy

 
Dans le Berlin Ouest des années 80, les logements ont atteint des prix exorbitants et dans de nombreux quartiers des squats se sont logiquement multipliés où les pauvres trouvent refuge mais où les contestations naissent aussi, grossissant et allant jusqu’à défier le gouvernement ; mouvements orchestrés par des groupuscules d’extrême gauche que les services secrets ouest-allemands ont à cœur de décimer.

A cette fin, le dénommé Otto va être missionné à Berlin Ouest pour s’y installer, s’y fondre et infiltrer ce monde gauchisant source de terrorisme. A force de fréquenter les bars, les concerts, les soirées et les manifestations, il va forcément finir par nouer des contacts avec des gens ; puissent-ils l’accepter dans leurs groupuscules, voire le conduire à des "pointures", à des perturbateurs à neutraliser…

Dans le même temps, Martin est revenu à Berlin Ouest. Avec la ferme intention de continuer la lutte qu’il menait jadis avec la Fraction Armée Rouge…

Berlin Ouest, ce n’est pas moins de dix mille rues, mais c’était mathématique : les destins de Otto et Martin allaient bien finir par se croiser…
 

Par sylvestre, le 18 mars 2014

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Notre avis sur THEOREME DE KARINTHY (LE) #1 – Le théorème de Karinthy

 
Mais qu’est-ce que c’est, au juste, le théorème de Karinthy ? C’est une théorie qui a été établie en 1929 par le Hongrois Frigyes Karinthy et qui prétend que toute personne sur Terre peut être reliée à n’importe quelle autre par une chaîne de relations individuelles comprenant au plus cinq autres "maillons". Cette notion est plus facile à imaginer de nos jours grâce à des réseaux sociaux comme Facebook où tout le monde expose ses collections d’amis, ce qui tisse virtuellement des liens entre tout le monde sur la planète ; elle serait encore plus manifeste paraît-il sur le site LinkedIn qui signale le degré de séparation entre deux internautes qui y sont inscrits ainsi que les "chemins" possibles qui les relient à travers leurs réseaux relationnels respectifs. (source : Wikipédia)

Désormais, Le théorème de Karinthy, c’est aussi le titre d’une bande dessinée. Et si le théorème lui-même n’est pas directement le sujet du récit, on comprendra très vite pourquoi ce titre a été choisi. Otto, dans l’histoire, doit en effet, de fil en aiguille (ou plutôt d’individu en individu), se rapprocher de leaders de groupuscules terroristes et, dans la fourmilière qu’est Berlin Ouest, sa hiérarchie a confiance en le fameux théorème : leur agent finira bien par arriver à ses fins. Cependant, on pourra trouver dommage que seule la quatrième de couverture nous dise en deux mots ce qu’il en est de ce théorème… Peut-être aurait-il été sympa de voir abordée cette notion dans la bouche même de ceux qui envoient Otto en mission ? Le rapport entre le titre et le contenu se serait fait plus naturellement ; bien que – je le répète – une fois qu’on sait de quoi il s’agit, on comprend tout de suite le rapport "avec la choucroute" (j’en profite, on est chez les Germains !)

Oui, cette histoire se passe en Allemagne. A Berlin Ouest, plus précisément, mais avec quelques vents soufflant depuis l’Allemagne de l’Est, aussi. Berlin qui est très bien décrite graphiquement, avec des détails et des représentations spécifiques qui ne trompent pas ; ce qui donne encore plus de poids au côté historique de l’histoire et ce qui offre au lecteur une belle plongée avec Otto dans Berlin et dans ses ambiances au contact avec une population qui fait que Berlin est Berlin, avec tout le côté underground et revendicatif que ça sous-entend.

Oui, le dessin de Jörg Mailliet est bon, surtout dans les représentations des paysages urbains et des objets. Les personnages et les couleurs sont eux peut-être un petit cran en dessous, mais honnêtement, ça ne dérange pas. Et surtout ça ne gâche en rien le plus important : le propos et les frissons qu’il génère sur nos épines dorsales puisqu’il est là question d’infiltration, donc de faux-semblants, de confiance et de trahisons… Avec son passé de délation et d’espionnite sauce Stasi, nulle autre ville emblématique ne pouvait être aussi appropriée que Berlin.

Enfin Le théorème de Karinthy est un très bel objet-livre : au vu des qualité de cet album, on peut dire sans peine que les éditions Des ronds dans l’O jouent dans la cour des très grands ! Et comme des bons titres en appellent d’autres…
 

Par Sylvestre, le 18 mars 2014

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