The Hive

Doug est donc séduit par l’énigmatique Sarah. Petit à petit, ils se construisent une vie ensemble, expérimentent des travaux artistiques, se mettent en scène, se découvrent… Et pendant ce temps les rêves de Doug continuent de l’emmener loin dans des mondes étranges, et il y a cette version "Tintinesque" de lui même qui travaille au service d’une "ruche" sous les ordres de créatures vertes et hargneuses…

Par fredgri, le 25 septembre 2012

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Notre avis sur The Hive

Dans ce deuxième volume de sa trilogie, Burns va mettre davantage l’accent sur la relation entre Doug et Sarah, comment elle s’est construite, comment elle a évolué et sur les questions que se pose encore et encore le jeune homme. Burns fausse légèrement les cartes en mélangeant les séquences et les repères temporels. Le lecteur doit lui même tisser la toile qui relie les points entre eux, tout en acceptant de n’avoir pas encore tout les éléments en main.

Malgré tout, dans ce volume qui est bien plus accessible que le précédent, on ne se perd pas vraiment en route, même dans les séquences fantasmagoriques. Grâce au précédent volume on est "initié" à ces mondes étranges, aux atmosphères que développe l’auteur, même si on a conscience que certains détails pourraient nécessiter un décodage. Mais qu’importe, car ce qui est ici important c’est de se laisser immerger, de suivre le "récit".

Alors bien sur, la lecture demande de l’attention car elle est intense. Nous pénétrons un monde parcouru par des personnages le plus souvent sans expressions alors qu’ils vibrent d’une hypersensibilité à fleur de peau, que leur rapport au monde extérieur est le reflet d’un malaise grandissant, d’une angoisse qui tourne parfois au morbide. L’effet est amplifié avec les époques qui se croisent, les différentes versions de Doug qui se superposent, mettant en relief la perpétuelle question sur l’histoire, sur SON histoire, sur le sens des signes et cette façon de se chercher au travers des autres, de leur regard.

Burns rajoute cette fois des références aux vieux Romance Comics, notamment les "Heart Throbs" de DC publiés dans les années 50/60, on peut reconnaître dans les repro qu’effectue Burns le style de gens comme Romita Sr ou Colan. Et en parallèle de ces cases sentimentales on suit l’évolution de la relation entre Doug et Sarah, comme si la fiction prenait le dessus, comme si elle guidait la "réalité" du récit tandis que les deux jeunes gens lisent les pages de ces comics et les commentant, admirant les situations décrites dans ces parodies étranges, reflet déformé d’un genre désuet à base de romances à l’eau de rose…

L’auteur joue donc avec les degrés de lecture, avec les souvenirs qui se teintent de fantastique, les rêves qui restent elliptiques et évasifs, quitte à pousser le lecteur à s’interroger. Ainsi, on est persuadé depuis le début que toutes ces séquences ou l’on voit le héros en version "tintinesque" ne sont que rêve, et soudain, on voit le héros "réaliste" qui lit un album de BD avec les aventures de Nitnit: "The secret of the Hive" reprenant des cases que l’on vient de lire ! S’agit-il donc d’une histoire parallèle, une histoire dans l’histoire ?

Donc, cette lecture amène de nouvelles questions. C’est passionnant de tenter, ne serait-ce qu’un peu, de repérer les indices qui peuvent nous permettre de mieux nous y retrouver !
Du très grand Charles Burns !

Une excellente "série" ! Vivement la suite !

Par FredGri, le 25 septembre 2012

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