THE GROCERY
Tome 3

Dans les quartiers ouest de Baltimore, l’ambiance est on ne plus tendue au corner 16. Elis one et son clan néo-nazi ont pris position dans le bâtiment qui abrite The Grocery, la petite épicerie de Monsieur Friedman. Alors que ce dernier a beaucoup à faire en prison pour préserver son âme, il ne peut se douter qu’en son échoppe, un vent de vendetta souffle gravement. Sixteen, le jeune dealer cherche toujours réparation pour la mort de ses deux potes mais voit son occasion de se venger étouffée par une attaque massive et sanglante menée par un autre gang rival. A l’issue de l’échauffourée, Elis one parvient tout de même à prendre la fuite pendant que beaucoup d’autres comme Vickie sont emprisonnés. De son côté, Wash, le vétéran de la guerre du Golfe qui a pris fait et cause pour les sans-abri, a mené victorieusement son opération contre les délogeurs mais voit son ami Mitchell disparaître. Désabusé, il décide de rentrer dans le rang et intègre la Safe America, une société de milice privée. Serait-ce enfin la fin des hostilités dans cette partie de Baltimore ? Une décision politique, prise à l’emporte-pièce, va malheureusement raviver les tensions dans le monde impitoyable du corner 16.

Par phibes, le 26 février 2014

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Notre avis sur THE GROCERY #3 – Tome 3

Ce troisième épisode nous replonge dans les ambiances de guérillas urbaines que le tandem inspiré formé par Aurélien Ducoudray et Guillaume Singelin ont su faire monter progressivement pour atteindre ici un degré paroxysmique.

L’on retrouve comme il se doit les protagonistes récurrents de la saga qui n’ont pas terminé de vivre dangereusement au rythme des mouvements décousus d’une société (celle de Baltimore) purement féroce, d’une jungle où seule la loi du plus fort semble être reconnue et qui semble ne laisser que peu de place à l’espoir. Par ce biais, on se rapproche au plus près de l’épicerie qui a donné son nom à la série, autour de laquelle de nombreux et graves évènements sont appelé à se dérouler. Entre guerre de gangs et vengeances personnelles, Aurélien Ducoudray ne fait assurément pas dans la dentelle et dresse un tableau sociétal acide, heurtant à souhait et indubitablement sanglant. La vision qu’il nous offre est de fait sordide, assurément inspirée d’une réalité déplorable.

Dans ce climat d’insécurité des plus étouffants géré de main de maître, les destinées se croisent et se décroisent, souvent douloureusement, parfois heureusement. Utilisant un découpage incisif et toujours aussi adroit, le scénariste anime son univers dépravé dans des actions qui ne suscitent que peu d’attente. Il se permet même d’enfoncer le clou, rien que pour noircir d’avantage ce tableau déliquescent, en donnant une solution politique au malaise, inhumaine et rebondissante et qui devrait donner lieu à une fracture sociale encore plus marquées. De même, l’univers carcéral inspiré du modèle américain et dans lequel Vickie est appelée à évoluer est là aussi intraitable et éveille beaucoup de craintes.

Pourtant loin du réalisme que l’on pourrait attendre d’une telle bande dessinée, le graphisme zoomorphique de Guillaume Singelin est criant de vérité. Une fois encore, l’artiste, d’un coup de main averti et épuré dresse un tableau social purement inquiétant et assurément convaincant. La violence de ses actions est on ne peut plus entêtante, servie par des personnages tout en expressivité.

Un troisième épisode, sur fond de guérilla urbaine, toujours aussi décapant et étourdissant de par sa violence et son inhumanité. Messieurs, on demande la suite !

Par Phibes, le 26 février 2014

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