The American

(Regroupe les The American 1 à 8, The American Special, The American: Lost in America 1 à 4, des histoires courtes dans le DHP 32, le DHP 5th Anniversary Special, et le A1 3 (Atomeka Press))
Depuis les années 50, celui que l’on nomme "The American" est de tous les combats, il représente l’image d’une Amérique pro-active, qui s’implique, combattive et volontaire. Traversant les décennies sans vieillir d’un jour, le héros est idolâtré par la population qui se partage tout ce que l’on peut trouver comme objets marketing, enrichissant ainsi une véritable industrie autour de ce qui est devenu dorénavant une véritable franchise.
Mais un jour, en 1986, le héros est sensé mourir devant un jeune enfant qui le voit réapparaître, bien vivant, quelques heures plus tard. Traumatisé par cette révélation, le garçon finit par succombé peu de temps après… Le journaliste Dennis Hough commence alors à enquêter sur ce qu’il soupçonne être la plus grande supercherie de l’histoire… Et si The American n’existait pas vraiment… S’il s’agissait plutôt d’une succession d’agents que l’on remodèle sur le même schéma ?

Par fredgri, le 20 août 2019

Notre avis sur The American

La fin des années 80 c’est l’émergence de quelques projets plus matures qui vont remettre l’image du super héros américain en cause. Dans la continuité de leurs ainés comme The Ones de Veitch, American Flagg de Chaykin, les Green Lantern/Green Arrow de O’Neil et Adams, de Squadron Supreme de Gruenwald et du plus récent Watchmen de Moore et Gibbons… Pour l’occasion, Mark Veirheiden reprend un vieux personnage de comics des années 50 et lui impose un traitement révisionniste catégorique et sans compromis (un peu à la façon de Moore et Miracleman, en fait !) !

The American est une sorte de héros étendard, il porte les couleurs des États Unis et jusque là représente l’image d’une Amérique victorieuse et combattive. C’est un schéma qui s’est beaucoup répandu dans les comics depuis la seconde guerre mondiale, dans les traces du fameux Captain America ! Le scénariste propose donc une remise en question de ce symbolisme qui cache beaucoup d’hypocrisie à ses yeux. Car derrière cette flamboyance, il y a surtout une véritable industrie de l’image, une stratégie marketing très efficace, transformant le message héroïque en programme de vente savamment calculé.
Et Verheiden n’y va pas par le dos de la cuillère, nous entraînant dans une dénonciation sans compromis de ce qu’est aujourd’hui l’Amérique profonde, ses valeurs et son éternel lien avec le pouvoir et le patriotisme exacerbé. Très vite, le côté Action est relégué au second plan pour presque disparaître, la série servant davantage de révélateur avec Dennis Hough comme personnage principal qui enquête d’abord sur le héros, puis, au côté de sa dernière réincarnation renégate, sur le phénomène lui même et ses répercutions. Ensuite, Verheiden se penche sur les travers de l’Amérique, la politique, le cinéma etc. Le tout à travers un scénario extrêmement dense et parfois complexe, tout en restant particulièrement accessible et toujours d’actualité.
Car si The American reste encore aujourd’hui une histoire intéressante c’est parce qu’elle brasse des thèmes qui fonctionnent encore, et davantage en plein règne Trump !

Ce volume rassemble donc toutes les pages qui concernent ce personnage. Et depuis la fin de la mini-série Lost in America, il n’y a plus rien eu, Verheiden ayant depuis trouvé d’autres horizons (Cinéma et comics) ! Croisons donc les doigts, peut-être qu’un jour… !

Très fortement conseillé !

Par FredGri, le 20 août 2019

Publicité