TESTAMENT DU DOCTEUR M (LE)
Les trois lumières

L’inspecteur de police Lotte Habou pédale, si l’on peut dire, en pleine choucroute. Marquée profondément par la disparition de son collègue François Monge et hantée par les souvenirs douloureux de sa mère, elle semble totalement désorientée dans sa chasse à celui qui dézingue sordidement en signant de la lettre M. Le M en question, Thomas de son prénom, toujours atteint d’amnésie, poursuit de son côté, en compagnie de la libraire Aude Mignard, ses investigations quant à la découverte de l’énigmatique prologue d’un film de Fritz Lang. Qu’est-ce qui peut bien lier ces deux affaires autour desquelles rôdent des personnages singuliers tels le mystérieux Roth ou par ailleurs le clan des araignées, déterminés à ne pas faciliter les recherches ? Mais qui sait si de ce mal qui ronge certains individus ne va pas jaillir la lumière !
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur TESTAMENT DU DOCTEUR M (LE) #2 – Les trois lumières

Les deux enquêtes parallèles, l’une réalisée par un amnésique au passé à déterminer, et l’autre par un flic renfrogné et décalé, se poursuivent en cet album qui met la barre haute eu égard à la tension et la noirceur ambiante. En effet, alors que le premier épisode ébauchait quelque peu la problématique de l’évasion du patient Tomas M et d’un début d’effusion sanglante, ce deuxième opus lâche chichement quelques pistes quant aux origines de Thomas M et à la concrétisation des recherches engagées par Lotte.

Certes, en cet opus, et c’est là son originalité majeure, Jean-Pierre Pécau fait le lien avec des affaires criminelles qui ont réellement existé de telle manière qu’il donne un peu plus de poids à sa fiction. La théorie qu’il développe au travers du libraire spécialisé dans les tueurs en série est bien montée et donne une envergure encore plus mystérieuse aux investigations policières.

Par ailleurs, quelques bribes sont libérées quant à l’enfance traumatisante de Lotte et engendre une sympathie supplémentaire à l’encontre de ce personnage acariâtre, proche du délabrement psychologique et métabolique. Ses réactions acerbes incessantes témoignent d’un conflit interne que l’on perçoit particulièrement et dont les effets néfastes sont atténués par l’intervention bienveillante de son docteur et ami.

Bien que la quête de M plonge lugubrement dans les abysses du snuff-movie, le mystère concernant le film de Fritz Lang et de fait, le passé de l’amnésique, est encore entier et ne trouvera son explication que dans le prochain et dernier tome. Bien sûr, on discerne déjà, dans cette affaire morbide, l’un des responsables d’un tel chaos mais pas suffisamment pour en connaître la réelle motivation.

Damour tire son épingle de son jeu graphique et nous en met plein la vue quant à ses planches baignant dans une ambiance sombre. Ayant fait évoluer son trait caractéristique de sa série "Nash", il réalise des dessins fortement explicites pour camper les ambiances pesantes et mystérieuses. Son trait noir et multiple est maîtrisé avec soin et se découvre dans une profusion de hachures qui donne le relief adéquat. On pourra également saluer le gros travail de colorisation qui va de pair avec celui du dessinateur et qui relève judicieusement certains personnages ou actions.

"Les trois lumières" est la suite parfaitement orchestrée d’une saga emplie d’une noirceur qui n’a pas fini de vous faire faire des cauchemars si vous n’êtes pas protégé contre le mal personnifié.
 

Par Phibes, le 15 juin 2009

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