Terre-neuvas

En cet hiver de 1913, la "Marie-Jeanne" a quitté la terre ferme pour de longs mois en vue d’une campagne de pèche à la morue. Essuyant tempêtes et brumes opaques, le téméraire équipage vogue vers son but ultime, les grands bancs de Terre-Neuve. Le "boueux" s’est associé à l’équipée et apprend, sous les railleries de ses compagnons, le dur métier de pécheur sur un terre-neuvas. Est-ce que la campagne qui s’annonce, sera bonne ? Tous l’espèrent car d’elle, dépend la survie du pécheur lui-même et de sa famille. Mais, le danger guette et peut faire virer à tout moment l’expédition au cauchemar; de surcroît, quand la mort qui frappe, n’est pas du tout naturelle !
 

Par phibes, le 16 septembre 2009

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Notre avis sur Terre-neuvas

Le nouveau cru de Christophe Chabouté est enfin sorti. Après nous avoir fait goûter à l’amère réalité de l’isolement du gardien de phare avec "Tout seul", ce dernier reste dans le même contexte maritime pour évoquer les dures conditions de travail des morutiers du début du XXème siècle.

Force est de constater que l’auteur ne fait pas les choses à moitié et dévoile, au gré de sa fiction, une recherche documentaire flagrante. Fort d’avoir assimilé le dur quotidien de ces galériens forcenés qu’il étale grassement sur la première partie de son récit (journal de bord, usage verbal, méthodes de pêches…), il vient installer progressivement un drame qui donne une autre dimension à cette équipée maritime.

Alors que les hommes peuvent à tout moment mourir de maladie ou d’une fausse manœuvre, Christophe Chabouté y ajoute la possibilité d’être également assassinés. Les conditions extrêmes dans lesquelles oeuvrent les forçats de la mer sont, d’un coup d’un seul, balayées au profit d’une tension humainement plus forte due à la présence d’un tueur parmi l’équipage. Qui est-il et pourquoi ? Telles sont les questions qui vont alors fuser et torturer le lecteur jusqu’à que les indices tombent définitivement dans un aveu implacable et bien amené.

Encore une fois, l’auteur parvient à nous transcender, grâce à sa simplicité d’expression, emplie d’émotions naturelles. Reprenant un tant soit peu la méthode de "Tout seul", il surprend par les rebondissements qu’il dissémine et n’utilise le dialogue que quand c’est vraiment nécessaire. Pas de redondance verbale, pas de formule alambiquée, que du discours direct et sans politesse.

C’est bien sûr dans les graphiques que le message est le plus explicite. Les regards pleins de dureté, de volonté et de questionnement sont d’une force hors norme et reflètent grandement l’état d’esprit de leur propriétaire. De même, l’authenticité des vues sur la pêche à la morue, de surcroît en noir et blanc, témoigne de la rigueur documentaire qu’il s’est imposé. Les longs moments vides de toute discussion semblent parler d’eux-mêmes et explicitent les ambiances peu heureuses de ces longues parties de pêches terrifiantes.

Ce one-shot est à inscrire à l’actif de cet auteur excellent qu’est Christophe Chabouté dont la constante maîtrise de ses sujets parvient à faire chavirer, à chaque fois, la fibre émotionnelle du lecteur.
 

Par Phibes, le 16 septembre 2009

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