TERRE GATEE
Ange, le migrant

 
Un jour a débarqué au village un pauvre hère. Il venait du désert et, parce que le désert ne voyait jamais survivre ceux qui s’y aventuraient, l’homme fut considéré par tous comme un migrant qui avait échoué dans son projet de rallier l’Europe. Par tous, exception faite du pasteur, un Italien, qui vit au contraire en lui un ange et qui décidera de l’appeller ainsi…

Les candidats à l’émigration sont monnaie courante dans ce trou paumé de l’Afrique et nombreux sont ceux qui se font embaucher dans les mines locales pour un salaire de misère dans l’attente du grand départ. L’exploitation tourne en tout cas à plein régime et cette main d’oeuvre à très bas coût fait les affaires des quelques privilégiés qui la gèrent. Cependant, l’insolente réussite de cette entreprise minière et son expansion territoriale va un jour faire crier vengeance et réparation aux "errants", des voisins spoliés qui vont décider de passer à l’attaque.

Ange prendra part au combat qui mettra une grande pagaille dans la concession minière. Il sera accusé à tort du meurtre de Ben (un blanc du staff de la mine) alors qu’il était au contraire intervenu pour lui porter secours…
 

Par sylvestre, le 23 avril 2018

Notre avis sur TERRE GATEE #1 – Ange, le migrant

 
C’est dans une Afrique réaliste et contemporaine mais dans un village fictif que se déroule le premier tome (sur quatre) de cette série Terre gâtée. Les migrants sont "au casting", dans ce récit : ils font écho au cortège de tous ceux qui tentent de rejoindre l’Europe "dans la vraie vie". Ils représentent également, dans l’histoire de Marguerite Abouet et de Charli Beléteau, une sorte de caste à deux niveaux sur le continent noir où ils sont soit en partance et donc potentiellement de futurs héros, soit de retour, loosers honteux et miséreux ; ce que pensent d’Ange ceux qui l’ont vu débarquer.

L’éditeur Rue de Sèvres parle volontiers de Terre gâtée en le classant dans les westerns. Ce genre met classiquement des Indiens et des cow-boys face à face. Des méchants et des gentils. Sans toujours se rappeler que si les Indiens font la vie dure aux cow-boys, c’est parce que ces derniers viennent imposer leurs lois – ou leur anarchie – sur leurs terres ancestrales. L’exploitation minière et ceux qui voient leurs terres indûment rongées par cette dernière, CQFD…

Bien et mal, chaud et froid, riches et pauvres, vérité et croyances… Les contraires sont souvent le carburant des scenarii. Dans Terre gâtée (titre dans lequel ce mot est également dual puisque l’adjectif peut tout autant évoquer l’abondance que l’état de pourriture), on ne voit pas encore clairement où et avec qui les auteurs veulent nous conduire, ce qui n’aide d’pas la bande dessinée à être encore vraiment convaincante. On se prend toutefois d’une certaine compassion pour Ange qui a jusque-là à nos yeux le bénéfice du doute et on attend donc la suite pour se faire une idée plus précise de ce qu’on doit en penser.
 

Par Sylvestre, le 23 avril 2018

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