Terra Australis

En cette année 1786, 1500 personnes environ, des hommes et des femmes, des détenus sortis des prisons anglaises, sont déportées vers un endroit découvert par Cook, qui se nomme Botany Day, dans le Pacifique, en Nouvelle-Galles du sud. Ils sont embarqués à bord de 11 navires et pour un long et difficile voyage. Un voyage sans retour.
D’abord réticent, Le capitaine Arthur Phillip accepte le poste de commandant de l’expédition. Après tout, lorsqu’il atteindra son but, il prendra le titre de gouverneur…
Le dimanche 13 mai 1787, ces 11 navires prennent la mer…

 

Par berthold, le 1 avril 2013

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Notre avis sur Terra Australis

Terra Australis ! Ah ça, le titre vous donne envie de voyager.

Terra Australis : c’est aussi un énorme pavé de près de 500 pages qui nous raconte l’un des voyages les plus incroyables, l’une des pages de l’histoire où les anglais ont envoyé des bagnards, des prostituées, des voleurs vers une nouvelle colonie qui deviendra l’Australie. La France n’a pas encore fait sa révolution, les deux navires l’Astrolabe et la Boussole n’ont pas encore connu leur funeste destin et ces anglais nommés Arthur Phillip, Smith, John Hudson, Caesar, et d’autres voguent vers leur destin.

Le scénariste LF Bollée se lance dans une grande aventure lui aussi : nous raconter cette expédition. Plusieurs années vont lui être nécessaire pour préparer cette saga, il lui a fallu beaucoup se documenter afin de construire un récit qui tienne la route. puis choisir le dessinateur à la hauteur de cette ambition.

Bollée prend son temps pour nous présenter les personnages principaux de cette aventure. On suit diverses personnalités venues d’univers différents : il y a ceux qui ont connu la pauvreté, la rue, la misère, ceux qui ont rêvé de liberté, mais aussi des soldats, des officiers qui font leur devoir en escortant tout ces détenus vers leur nouvelle terre. Des bagnards, des voleurs, des prostituées, mais pas un qui ne soit fermier, boulanger ou autre métier utile. Et ces gens là vont devoir se construire un nouveau pays pour le compte de la Grande-Bretagne. La gageure est de taille, en effet.
Je comprend que l’ampleur de ce projet et le défi que constitue ce récit ait plu à l’auteur d’Apocalypse Mania.
Il faut arriver à séduire le lecteur dès le début et lui donner l’envie de lire ces 500 pages sans qu’il ne ressente l’ennui. Et je dois bien vous avouer que Bollée a réussi son pari. La lecture de cet ouvrage est vraiment passionnante. Il sait choisir les bons personnages pour que l’on suive ce petit monde à travers ce long voyage. Il met du suspense dans cette histoire, surtout lors du voyage en mer avec les différentes épreuves que vont subir ces voyageurs.
Il prend son temps avant de donne le départ du voyage. Mais ce temps est nécessaire pour bien comprendre les enjeux de cette expédition, pour bien comprendre les mentalités de l’époque, pour s’imprégner de l’ambiance en ces années 1780. L’auteur rajoute aussi quelques anecdotes sur ce voyage. Il nous montre que de la misère nait la vie. Il y a ce couple de prisonniers, homme et femme, que l’on veut séparer pour le voyage et qui ont eu un enfant ensemble. C’est un officier qui trouvera la solution pour leur permettre de partir ensemble.
Ce récit a aussi quelques passages difficiles, durs et d’autres qui sont de beaux moments.
Il nous explique comment l’Australie aurait pu devenir française si La Pérouse avait fait d’autre choix. D’ailleurs, ce grand marin, avec les navires l’Astrolabe et la Boussole, joue aussi un rôle important dans cette saga.
LF Bollée ne laisse rien au hasard. Il nous montre quelques coutumes "barbares"(?) des aborigènes. Et, vers la fin, nous montre comment les anglais vont tenter de changer les premiers habitants de ces terres.

Pour le seconder dans cette expédition graphique, Bollée se devait de choisir un associé de taille. Après plusieurs recherches, il a choisi Philippe Nicloux qui, avec son style, avec son noir et blanc, ses tons gris, donne de la vie à cette aventure.
Nicloux fait un travail extraordinaire ici. La gageure de ce défi n’était pas facile dès le départ, mais il a réussi l’épreuve haut la main. Il a reconstitué par de simples traits la bonne période historique. Il nous offre alors de grandes pages spectaculaires comme les scènes en mer avec les navires, comme le combat de la baleine et du requin, comme la vision de l’aurore boréale. Le tout en donnant du corps à ses personnages.
La mise en page est dynamique. Son trait est puissant avec une vraie force visuelle qui fait de cet album l’un des chefs d’oeuvres du genre.

Terra Australis est un roman graphique que je vous conseille chaudement. Une oeuvre forte, un pan d’histoire qui mérite d’être connu. C’est aussi une grande aventure humaine et une incroyable étude aussi du genre humain.
Bollée et Nicloux signent avec ce livre l’une des oeuvres les plus intéressantes et des plus passionnantes de cette année 2013.
A ne manquer sous aucun prétexte !

 

Par BERTHOLD, le 1 avril 2013

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