TEMPS NOUVEAUX (LES)
Entre chien et loup

Nous sommes en 1944, la guerre est pratiquement terminée. Bruxelles libérée, la chasse aux collabos a commencé. Alice, la femme de Charles le notable, est revenue au village de La Golfe, profondément meurtrie par les rafles épuratrices. Elle y retrouve Rose et Thomas, son beau-frère et ancien flirt. Le père Joseph, lui aussi marqué physiquement, est rentré au pays après avoir retrouvé sa sœur Julie. Toutefois, Charles, pour sa part, demeure introuvable. Connu pour ses élans partisans envers l’occupant, ce dernier a semble-t-il fui les libérateurs. Mais sans éléments probants, rien n’est sûr.
Grâce aux relations de Joseph, Thomas tente d’en savoir un peu plus au contact des responsables de réseaux de la résistance mais se heurte bientôt à un mur de silence. Que se cache-t-il réellement derrière la personnalité ambiguë de Charles ?

 

Par phibes, le 7 janvier 2012

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Notre avis sur TEMPS NOUVEAUX (LES) #2 – Entre chien et loup

Entre chien et loup se veut la conclusion de la superbe évocation historico-familiale réalisée par le duo indissociable formé par Eric Warnauts et Guy Raives. Dans cet opus, ces derniers restent dans le cadre réduit et ô combien remarquablement structuré de l’entourage de Thomas Deschamps, sur le site du village ardennais de La Golfe. Ils donnent suite aux évènements dramatiques du premier tome, en nous transportant au lendemain immédiat de la seconde guerre, alors que les blessures ont tendance à se cicatriser et en appellent à des temps nouveaux.

Une nouvelle fois, les auteurs nous enchantent de leur fiction qui se veut, dans un sens, être le reflet des vicissitudes européennes. Les meurtrissures sont pléthores, les règlements de comptes également, certains pleurent, d’autres recherchent. Loin de pénétrer le conflit et d’en divulguer le canevas à la manière d’un documentaire, les auteurs préfèrent prendre du champ et en évoquer les effets éloignés dans les profondeurs ardennaises. L’humanisme qui en découle, la délicatesse des propos, les échanges structurés, la naturalité des personnages psychologiquement et politiquement étudiés, l’intrigue pesante autour de Charles se révèlent dans une dimension romancée remarquablement porteuse et attrayante.

Il va de soi que la beauté de cet ouvrage, et du diptyque en général, passe également par le superbe graphisme réalisé à quatre mains. Le charme opère à tous les instants grâce au trait ajusté et à la colorisation enchanteresse qui mettent en exergue un univers réaliste et de grande qualité, doté d’une douceur et d’une rigueur admirables. La région ardennaise belge, à l’image des travaux exécutés par Jean-Claude Servais, autre enfant du pays, se voit sublimée par ses larges panoramas bucoliques, parfois grevés par des visions de guerre. De même, les personnages ont leur intérêt, de par leurs expressions maîtrisées, amenant leur lot d’émotions, de drames, de réflexions…

Un très bon opus qui clôture un diptyque historique, superbement réalisé à tout point de vue.

 

Par Phibes, le 7 janvier 2012

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