Le temps est assassin

En août 2016, Clotilde Idrissi est revenue, du temps des vacances en Corse, sur la presqu’ile de la Revallata où 27 ans plus tôt, elle a eu un accident de voiture qui a couté la vie à son père, sa mère et son frère. Marquée profondément, l’enfant du pays devenu adulte a tenu à venir se recueillir à l’endroit précis où tout à basculer au grand dam de son mari Franck et de sa fille Valentine. S’étant installés au camping des Euproctes qu’elle connaît bien pour y avoir séjourné avant le drame, elle retrouve certaines personnes de l’époque et ne peut s’empêcher de se remémorer le drame jusqu’à ce qu’elle reçoive une très étrange lettre, une lettre portant l’écriture de sa mère pourtant décédée qui l’invite à aller chez Cassanu et Lisabetta, ses grands-parents et à s’installer sous un chêne vert. Quelle est la sinistre personne qui lui a fait cette sale blague ? Et si sa mère était, contre toute attente, toujours vivante ? Clotilde va donc tenter de comprendre tout ça en retrouvant toutes les personnes qu’elle a côtoyées quand elle était jeune.

Par phibes, le 5 mars 2023

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Notre avis sur Le temps est assassin

Pour la septième fois, le romancier à succès Michel Bussi voit à nouveau une de ses œuvres faire l’objet d’une adaptation en bande dessinée. L’œuvre en question, parue originellement en 2016 et reprise sous la forme d’une série télévisée en 2019, est cette fois-ci prise en charge par le fameux scénariste du 9ème art Frédéric Brrémaud qui a décidé de s’associer pour cette belle occasion avec l’illustratrice de renom Nathalie Berr.

Fort d’une belle pagination (plus de 110 planches), ce one-shot nous immerge dans un thriller qui a pris pour base l’ile de Beauté (la Corse). Au sein de ce territoire fort en caractère, une jeune femme issue de ce dernier a décidé de revenir aux sources pour comprendre le drame qu’elle a vécue dans sa jeunesse et qui a emporté une partie de sa famille.

Pour cela, nous la suivons sur deux courants temporels bien distincts qui, bien entendu, sont appelés à faire cause commune pour délivrer les clés d’un mystère bien profond. Alternant rondement donc entre deux époques, toujours sous le couvert de la belle Clotilde, l’histoire se construit subtilement à l’appui soit d’un carnet intime rouge, soit des investigations de l’héroïne. Evidemment, si tout reste nébuleux au départ, le brouillard se dissipe progressivement, à petits pas, à force de découvertes, de rebondissements, d’échanges à demi-mots, de souvenirs imprécis… De fait, on se fait happer par cette intrigue forte en caractère comme ses personnages (Cassanu en est le parfait exemple), puissante en ambiance, en idylle, qui a le privilège d’être particulièrement tourmentée et on attend avec une réelle impatience de découvrir les dessous de ce drame ficelé et rapporté avec beaucoup d’adresse.

La partie graphique effectuée par Nathalie Berr se veut en totale cohésion avec l’intrigue. Sous une forme semi réaliste bien efficace, l’artiste nous dévoile ce talent qu’elle bénéficie et qu’elle ne met pas malheureusement en évidence souvent (son dernier album – Les naufragés du métropolitain – date de 2016). Il n’en demeure pas moins que sa partition dénote une belle recherche documentaire surtout pour croquer les évènements de 1989. Pareillement, on saluera le très joli jeu expressif des personnages, en particulier Clotilde qui reste bien attachante.

Une adaptation à découvrir urgemment, dans une version illustrée très prégnante à l’instar des paghjellas (les chants traditionnels corses) et qui donne réellement envie de lire le roman d’origine.

Par Phibes, le 5 mars 2023

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