Tea party

Lors d’une "tea party", Lord Barnes a fait goûter à Lord Mac Dale un thé que ce dernier n’a pas hésité à qualifier d’ordinaire alors que le prestige dont jouit son appellation aurait dû lui valoir les éloges attendus. Cette sentence de Lord Mac Dale, vécue comme un affront par Lord Barnes, va être le point de départ d’un défi que vont se lancer les deux hommes : pouvoir présenter à l’autre dans un délai fixé très court le meilleur thé possible.

Lord Mac Dale va pour cela s’offrir les services d’un conseiller culinaire, Victor Neville, et lui laisser carte blanche pour réussir sa mission. Neville va commencer par aller espionner le concurrent de son "employeur" mais va malheureusement se faire surprendre par la fille de la maison Barnes, Alice. Celle-ci va heureusement pour lui ne pas lui en vouloir et va même lui confier qu’elle allait profiter de ce défi pour faire du tort à son père qui les délaisse, elle et sa mère, avec ses incessants paris fous.

Donnant à Neville des indications sur les plans du conseiller culinaire de son père, elle va offrir à l’homme tracassé qu’il est la piste à suivre. Mais tout habité qu’il est par sa mission, Neville va rater son bateau en partance pour Bombay, se voyant réduit à devoir trouver dans Londres même, auprès des Chinois, un thé qui allait devoir satisfaire des buveurs de thé parmi les plus exigeants…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Tea party

 
So British ! C’est dans une ambiance "pari fou" comparable à celle du déclenchement du Tour du monde en quatre-vingt jours de Jules Verne que Tea party débute, nous faisant suivre dans sa quête un héros plus conseiller culinaire que véritable aventurier.

Vous trouverez sans doute cette histoire plus abordable que Le chat du kimono dont l’univers et les personnages reprennent ici du service : Tea party apparaît moins comme un exercice de style. L’abstrait a pourtant sa place dans cet album, avec ces voyages intérieurs de Neville dont la propension à s’endormir étonne et joue un rôle non négligeable ! Quant à Ambroisie, cet oiseau à la fois muse et "grillon parlant" du conseiller culinaire des Mac Dale, il fait concurrence aux chats du kimono d’Alice par son rôle entre rêve et réalité.

Au niveau du graphisme, on retrouve l’excellent dessin en noir et blanc de l’artiste qui, s’il participait justement au mystère du Chat du kimono, sait aussi accompagner le lecteur dans Tea party simplement et sans le perdre.

On pourra trouver d’autres références à des classiques dans cet ouvrage. Je pense par exemple à Pinocchio pour avoir cité "grillon parlant" plus haut. Je pense aussi à la flatterie du renard envers le corbeau lorsque Neville vient récupérer son bien chez Alice Barnes. Aux écrits de Sir Arthur Conan Doyle, enfin, bien sûr, grâce aux personnages "réinvestis" Holmes et Watson… Et pourtant, Tea party ne manque pas de personnalité, croyez-moi !

C’est une histoire bien racontée, finalement sans prétention démesurée, mais avec ce petit quelque chose des fables qu’on retient et qui ne peuvent pas prendre fin sans avoir transmis leur petit message ; un message qui prendrait ici à contre-pied le populaire "Peut importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse" puisqu’il nous dit au contraire que même si la provenance et la qualité d’un thé sont importantes, la manière de le préparer peut s’avérer primordiale !

Tea party est à savourer (avec des petits gâteaux ?!) dans la collection Contre-jour des éditions La Boîte à Bulles.
 

Par Sylvestre, le 5 janvier 2009

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