Мирный атом

 
25 ans après qu’ait eu lieu la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, Carlos Pardo et Iloé se sont rendus sur place et en ont rapporté un album de photos qui nous montrent à quoi ressemble aujourd’hui la fameuse zone interdite d’où les dangers de la radioactivité ont chassé l’homme.

La nature a repris ses droits à Pripiat, à Tchernobyl et dans les environs. Sans doute pour un très long moment. Aujourd’hui, des tour-opérateurs proposent à leurs clients de revenir fouler le sol de ces territoires fantômes après qu’ils aient obtenu l’autorisation en bonne et due forme d’aller faire les curieux, d’emmagasiner quelques Becquerel et de prendre une petite photo souvenir ; ou plus, et d’en faire un bel et intéressant livre…
 

Par sylvestre, le 17 décembre 2011

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Notre avis sur Мирный атом

 
Il y a quelque chose de lugubre dans cette ligne droite que dessine la route que l’on voit sur la première photo présentée dans cet ouvrage. Sans doute parce que droite, froide et quelque peu sinistre, elle rappelle la tristement célèbre voie de chemin de fer qui mène vers le camp d’Auschwitz. Sauf que là, il n’y a rien à l’horizon…

Elle va pourtant bien quelque part, cette route. Et elle conduit effectivement, comme d’autres, par-delà la forêt, à des bâtiments, à des habitations voire à une ville. Mais telle qu’elle nous est montrée, elle nous rappelle que le mal qui nous la rend si menaçante est invisible : c’est la radioactivité, qui, depuis la catastrophe, a fait des terres alentour une zone interdite où tout est resté à l’abandon depuis maintenant 25 ans…

L’ouvrage, composé uniquement de photographies, est divisé en 10 parties principales :

– La zone d’exclusion,
– La piscine,
– Les bâtiments administratifs,
– L’usine,
– L’hôpital,
– Tchernobyl,
– Un jardin d’enfants,
– Le stade,
– Le centre culturel, et
– Un collège.

Au tout début, on peut lire un texte d’introduction. En fin d’ouvrage, ce sont quelques cartes géographiques qui viennent localiser les lieux montrés.

Pripiat comptait 50000 habitants lorsque le réacteur n°4 de Tchernobyl a explosé dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, lors d’essais. Ce n’est que deux jours après que la population a été évacuée (Lire aussi la bande dessinée Tchernobyl – La zone aux éditions Des Ronds dans l’O) et que certains bâtiments ont été démolis pour dissuader les gens d’y revenir avant que tout soit laissé à l’abandon, puis clôturé et interdit d’accès.

Les 180 photos que nous donnent à voir Cardos Pardo et Iloé dans leur livre Tchernobyl, 25 ans après nous aident à faire ce constat d’abandon. Chaque photo est angoissante : on y sent le silence qui pèse tout en y entendant les bruissements d’une nature qui y est restée pour s’y adapter. Au fur et à mesure qu’on tourne les pages (il y a une photo en format paysage par page), on est obligé de se redire : "Non, ce ne sont pas des photos d’après-guerre !" Simplement des photos de lieux désertés et réinvestis par la poussière ou la végétation. Des lieux qui cependant ont été "revisités" et pillés après la catastrophe, ce qui donne parfois ces impressions de scènes d’après-guerre et ce qui a permis aux auteurs de mettre quelque peu en scène, par les cadrages choisis, les objets qu’ils ont immortalisés sur la pellicule.

Certaines photos ont un pouvoir d’émotion plus grand que d’autres. Celles "classiques", montrant des objets laissés par des petits enfants qu’on s’imagine arrachés, en pleurs, à leur activité, pour être emmenés au loin. Et d’autres, comme celle de la grande roue arrêtée à jamais, triste vestige d’un lieu conçu pour s’y amuser, ou comme celle de cette pelouse de stade où de nombreux arbres remplacent maintenant et peut-être pour toujours les joueurs de foot…

Tchernobyl, 25 ans après est le premier livre de photos du label CFSL INK des éditions Ankama. Ce n’est donc pas une bande dessinée, mais le pouvoir de l’image y est et les amateurs de BD ne pourront qu’être curieux et sensibles à ces clichés. Le post-nucléaire et le post-apocalyptique sont en effet des univers que chérit la bande dessinée SF. Sauf que là, il ne s’agit pas de fiction…
 

Par Sylvestre, le 17 décembre 2011

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