SYNDROME 1866
Le projet

Miroku est un étudiant intelligent, mais perdu. Il se sent totalement étranger au fonctionnement de notre société qu’il ne comprend plus. Les choses ne s’arrangent pas lorsqu’il croise le destin d’une lycéenne qui se fait humilier et prostituer par une de ses camarades de classe. Miroku décide d’enquêter et s’aperçoit que l’adolescente a mis en place un véritable réseau de proxénétisme, manipulant des jeunes femmes, sans le moindre scrupule. Il fomente alors un projet terrible, se souvenant notamment des paroles d’un général américain vu quelques temps plus tôt à la télévision. “Nous leur apporterons la démocratie et la liberté. Ne pensez vous pas qu’à lui seul l’accomplissement de cette juste cause rachètera le sang versé ?”

Par legoffe, le 21 mars 2010

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Notre avis sur SYNDROME 1866 #1 – Le projet

Delcourt publie un thriller dérangeant, inspiré du célèbre “Crime et châtiment” de Dostoïevski. L’auteur a d’ailleurs glissé dans le nom de la série le chiffre 1866, année qui vu la parution du roman de l’écrivain russe. L’histoire, pour autant, a lieu dans le Japon d’aujourd’hui. L’étudiant vit donc dans une ville nippone et non plus à Saint-Pétersbourg. Quant à sa cible, il ne s’agit plus d’une prêteuse sur gage, mais d’une lycéenne prostituant ses petites camarades.

Notre héros se noie donc dans des questions existentielles. Il ne croit plus en la société et s’isole avant de trouver dans le sauvetage d’adolescentes en perdition un objectif qui relève autant de l’enquête policière que de la quête de la justice. N’est-ce pas pour autant une voie dangereuse ? Jusqu’où une bonne cause peut elle pousser celui qui la défend ? Le sang dessine les frontières de cette limite à ne pas dépasser.

Au fur et à mesure que Miroku enquête sur ce réseau de proxénétisme (il prend même contact avec la lycéenne, prétextant un projet d’article de journal), il se rapproche justement de cette frontière et de la mise en oeuvre de son fameux projet. La cruauté d’une femme pourrait alors engendrer la folie d’un homme.

Nous n’en sommes pas encore là, mais nous suivons doucement cette dérive, l’isolement progressif du jeune homme et les liens qu’il va tisser avec une des victimes. Manipulations psychologiques et non dits sont les piliers d’une histoire très sombre. Les dessins eux mêmes reprennent bien cette ambiance inquiétante, les personnages ayant parfois des regards effrayants. Le style est assez réaliste, même si les graphismes auraient peut être mérité un peu plus de travail.

Si le livre est un clin d’oeil au livre de Dostoïevski, il reste une oeuvre qui s’en inspire de façon un peu lointaine. Il n’aura pas l’ambition d’approcher le grand roman russe, mais plutôt de reprendre certaines questions de base du livre.
Ce seinen est assez amer. Malgré cet arrière goût un peu dérangeant, il se lit – pour autant – assez bien et donne envie d’en connaître la suite. Une suite qui s’annonce déjà plus dure encore. Je ne serai pas surpris que nous ayons affaire à un manga tout à fait dans la lignée du terrible “Charisma”.

Par Legoffe, le 21 mars 2010

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