SVOBODA
De Prague à Tcheliabinsk

Ce 30 septembre 1938, Josef Cerny “Pepa” apprend la terrible nouvelle, celle des accords de Munich, qui signent la fin de son pays, la Tchécoslovaquie. Il se sent trahi par sa patrie d’adoption, la France. Il se souvient alors de ses idéaux et du périple incroyable auquel il a participé vingt ans plus tôt, en mai 1918.

Il était alors dans la partie orientale de la Russie, à Tcheliabinsk, où il retrouvait son ami et écrivain Jaroslav, au sein d’un régiment qui avait traversé tout le pays après la signature d’accords de paix entre Bolcheviks et Boches. Car Pepa, Jaroslav et 70 000 autres Tchèques et Slovaques, anciens soldats de l’armée austro-hongroise, avaient fini par rallier l’armée russe. Poussés à rester neutres après la signature de la paix, ils étaient décidés à quitter la Russie pour rejoindre les Alliés. Commençait alors un long voyage afin de rejoindre Vladivostok en train puis d’être embarqués pour la France.

Par legoffe, le 5 juin 2011

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2 avis sur SVOBODA #1 – De Prague à Tcheliabinsk

Kris est, décidément, un auteur qui aime l’Histoire. Nombreux sont ses ouvrages qui traitent d’épisodes plus ou moins connus de notre passé. Certains sont très romancées, d’autres plus proches du documentaire. Mais il met souvent un point d’honneur à rester au plus près du contexte historique, tout en mettant en scène des personnages qui permettent de donner vie au récit. C’était le cas de Notre Mère la Guerre ou encore d’Un homme est mort, également parus chez Futuropolis.

Pour ce nouveau projet, il choisit de raconter l’histoire vraie des “légionnaires” tchèques et slovaques qui furent ballotés par la Grande Guerre. D’abord soldats austro-hongrois, puis de la Russie, ils finiront par rejoindre les Alliés. Un destin aussi complexe que leur région d’origine, l’Europe Centrale, et leur futur pays, la Tchécoslovaquie, qui va naître en 1918 sur les cendres de l’empire d’Autriche-Hongrie.

Le scénariste a opté pour un récit sous forme de carnet de guerre “imaginaire” d’un combattant de la légion tchèque, Jaroslav. L’histoire débute vraiment lorsque ces soldats se retrouvent bloqués au fin fond de la Russie, à Tcheliabinsk, sans vraiment savoir quand ils atteindront le port tant convoité pour rejoindre l’Europe. Le régiment est coincé, les hommes désabusés. Ils découvrent l’impact soudain d’enjeux politiques qui les dépassent, et les débuts de la répression bolchevique, avec ses commissaires de la Révolution. Le livre est également composé de flashbacks. N’oublions pas, en effet, que l’histoire part de la relecture par Pepa, en 1938, des carnets de son compagnon d’arme Jaroslav. Nous retrouvons aussi d’autres séquences plus anciennes, notamment l’appel à la guerre en août 1914 à Prague.

Le thème retenu par Kris a donc le mérite d’aborder un épisode historique de la Grande Guerre assez méconnu. Il est intéressant pour s’ouvrir au contexte géopolitique de la vieille Europe. Il est, par ailleurs, joliment mis en image par Pendanx. Si la qualité graphique est inégale d’une planche à l’autre, elle est globalement de qualité.

En revanche, le récit pèche par un sérieux manque de rythme. Nous sommes un peu comme ces soldats, à attendre que les choses bougent ou deviennent intéressantes. Pour ne rien arranger, les dialogues, au langage parfois pédant, dénotent avec le contexte général. Cela a du mal à sonner juste et donne une lecture laborieuse de l’ouvrage.

Après le très réussi Notre Mère la Guerre, je dois avouer ma déception devant cette nouvelle bande dessinée. Je ne me sens guère motiver à remonter dans le train en direction de Vladivostok pour le second volet de l’aventure.

Par Legoffe, le 5 juin 2011

En ce qui concerne cet album je ne partage pas entièrement l’avis de Legoffe. Si je reconnais aisément que le ton de certains dialogues est parfois un peu hésitant et pêche par son manque de justesse dont Kris nous avait habitué jusqu’à présent, je parlerais de rythme lent plutôt que d’absence rythme. La nuance est importante car elle est fondatrice de la démarche de Kris. Contrairement à ce que peut faire Tardi par exemple, dans Svoboda! Kris n’aborde pas la Guerre de manière frontale. Il préfère, à l’instar de Notre Mère la Guerre, une approche détournée où le fait d’arme en lui-même est vu au travers du prisme d’une intrigue autre. De Prague à Tcheliabinsk marque le début d’une série prévue en neuf tomes, de quoi laisser le temps à l’histoire de prendre du corps. A mon sens Svoboda! est une série digne d’intérêt qui n’a pas encore révélée tout son potentiel. La suite au prochain numéro…

Par melville, le 21 juillet 2011

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