SUSINE ET LE DORMÉVEIL
Dans le Monde d'Avant

Susine, petite fille un soupçon renfermée sur elle-même, n’est pas encore en âge d’aller à l’école toute la journée. Aussi, ses parents étant souvent absents, c’est sa grand-mère qui la garde. Et c’est heureux pour celle-ci, car la mamie est des plus agréables à côtoyer. De plus, elle a la particularité de connaître moult histoires qu’elle raconte à qui veut l’entendre, ce qui n’est pas pour déplaire à Susine. C’est ainsi qu’elle la sensibilise au monde fantastique appelé le Dorméveil. Malheureusement, un jour, la grand-mère décède. Chagrinée par cette disparition subite et par le comportement détestable de ses parents qui ne se préoccupent plus d’elle, la petite fille décide de se transporter dans le fameux Dorméveil au moyen d’un couvre-pomme de sa confection. Elle découvre alors un monde onirique peuplé de personnages très surprenants qui vont lui faire vivre une incroyable aventure.

 

Par phibes, le 17 septembre 2012

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Notre avis sur SUSINE ET LE DORMÉVEIL #1 – Dans le Monde d’Avant

La collection Atmosphère de chez Soleil, sous la direction de Barbara Canepa, n’a pas son pareil pour promouvoir des ouvrages à la teneur décalée, plongeant le lecteur dans des ambiances imaginaires enfantines, parfois sombres, dotées d’une certaine poésie verbale et graphique. En cette fin de mois d’août, son catalogue se voit agrémenté de ce nouvel album, prémices d’un conte qui devrait s’étaler sur trois volets.

Ce premier tome est l’occasion de faire connaissance avec Susine et sa situation familiale peu enviable, puisque esseulée par une grand-mère attentionnée partie trop tôt et des parents souvent absents. A partir de ce contexte douloureux qui n’est pas sans évoquer les délicats rapports intergénérationnels et la place de l’enfant dans le monde des adultes, Bruno Enna (auteur qui se veut un fidèle de la collection puisqu’on a pu le croiser précédemment dans Cœur de papier) nous ouvre les portes d’un imaginaire enfantin double, haut en couleurs d’un côté (le monde d’Avant) et son pendant sombre de l’autre (le monde d’Après). A cet égard, l’esprit de Lewis Carroll souffle ardemment sur ce monde qui, empreint d’une certaine modernité, semble parcouru par une multitude de personnages bigarrés aux patronymes bizarres, issus d’une conception fantasmagorique la plus débridée. Et dans cette effervescence irréelle, on peut y discerner le parcours initiatique de la petite Susine, un parcours fait de découverte et d’émerveillement.

L’histoire est attachante, pleine de poésie puérile et d’originalité. Bruno Enna utilise un verbe imagé, assurément simple et efficace pour expliciter l’univers qu’il a conçu avec générosité. Le mode de fonctionnement de ce dernier est sensible, évolutif en fonction de certains paramètres, fait preuve d’une certaine exubérance qui intrigue au préalable et charme par la suite.

Accompagnant dans cette aventure le scénariste et ses fantasmes, Clément Lefèvre, qui en est à son premier ouvrage grand public, joue la carte de l’enchantement. Ses illustrations en pleine page sont, en ce premier tome, d’une grande fraîcheur, remarquablement exotiques, lumineuses, assurément riches en détails, avec des personnages éclectiques pour le moins extravagants, carnavalesques dans leurs apparences et démesurés dans leurs œillades. Les décors sont également soignés et font preuve là aussi d’une certaine richesse dépaysante.

Une ouverture sur un conte enchanteur en trois actes que tous, grands et petits, pourront découvrir avec ravissement.

 

Par Phibes, le 17 septembre 2012

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