Sur la route de Banlung

 
En 1993, Jacques Rochel a été envoyé par l’ONU au Cambodge où allaient se tenir les toutes premières élections démocratiques. Veiller au bon déroulement de l’événement était la mission de l’UNTAC, et celle de Jacques était particulièrement sensible : responsable de la distribution des paies des employés de l’ONU dans le secteur qu’il couvrait, il voyageait lors de ses tournées avec de très grosses sommes d’argent, protégé par des militaires. Cet argent était bien évidemment une manne qui pouvait en intéresser plus d’un, et un groupe d’individus restés fidèles aux Khmers Rouges a justement voulu mettre la main dessus, légitimant son action par les doutes qu’ils avaient sur Jacques Rochel. Ce dernier était en effet franco-vietnamien et sa maîtrise de la langue du voisin ennemi en faisait à leurs yeux un espion dépêché pour truquer les résultats du scrutin…
 

Par sylvestre, le 22 septembre 2011

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Notre avis sur Sur la route de Banlung

 
Jacques Rochel et Vink furent élèves dans la même classe il y a bien longtemps, au Vietnam, et s’être retrouvés des années après en Belgique, à Liège, à l’occasion d’un rassemblement d’anciens camarades de classe les a naturellement poussés à se raconter l’un l’autre, ce qui a débouché sur cette bande dessinée revenant sur l’expérience qu’a vécue Jacques Rochel au Cambodge en 1993.

Sur la route de Banlung n’est donc pas une fiction. C’est une BD qui offre le double avantage de nous raconter une histoire vraie aux accents de véritable aventure en plus de nous rappeler certaines choses qu’il faut savoir pour comprendre un peu mieux le contexte à l’époque encore très tendu entre Vietnamiens et Cambodgiens, entre les nostalgiques du régime de Pol Pot et ceux qui ont remplacé les Khmers Rouges au pouvoir ; pour sentir enfin les amertumes qui ont survécu à ces temps difficiles ou mesurer la retenue dont doivent faire preuve des étrangers missionnés dans ce pays quand la cohabitation et l’équilibre y semblent encore si fragiles.

Si les séries Le moine fou et Les Voyages de He Pao de Vink nous avaient habitués depuis les années 70 à des contextes plutôt moyenâgeux, cette bande dessinée s’en distingue puisqu’on y suit un récit contemporain. Ce changement était très attendu par les fans de l’artiste qui pouvaient légitimement se demander comment il s’en sortirait ! Et malheureusement, le verdict est à double tranchant, car si le trait de Vink reste d’une très grande qualité, on déplorera le fait qu’il n’est pas mis en valeur de la meilleure manière, de trop nombreuses cases voyant ses sujets soit mal secondés par des arrières plans unis, soit comme écrasés par une colorisation trop lourde. Non, la colorisation n’est pas de Vink. Et c’est dommage, surtout lorsqu’on connaît les "pouvoirs" du peintre Vink dont quelques superbes peintures en pleine page viennent – pour notre plus grand plaisir – s’intercaler entre les planches de l’histoire. Mais on ne retiendra heureusement pas que cela, l’intérêt du témoignage pesant pour beaucoup dans notre appréciation du tout et le dessin étant, rappelons-le quand même, bien bon ! Un cahier de quelques pages supplémentaires vient en outre augmenter l’ouvrage : généreux en photos souvenirs prises par Jacques Rochel, il vient compléter intelligemment la bande dessinée, une bande dessinée de la collection Long Courrier des éditions Dargaud.
 

Par Sylvestre, le 22 septembre 2011

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