Superman Red Son

(Superman Red Son 1 à 3)
Imaginons que l’engin spatial contenant le petit Kal El ne soit pas tombé aux États Unis, mais en pleine guerre froide, en URSS ! L’enfant aurait alors été élevé par une famille de paysans dans une ferme d’état, avant d’être pris en charge, une fois ses pouvoirs émergés, par Staline lui-même.
En plein déséquilibre de force, les USA se seraient alors lancés eux aussi dans la course aux supers hommes sous l’égide du célèbre Docteur Luthor, un génie réputé pour être l’homme le plus intelligent du monde !
Mais voilà, ce Superman est un homme plein de principe, généreux et idéologue, il rêve d’un monde meilleur, sans famine, sans pauvreté… Après la mort de Staline, il devient le nouveau chef de l’état russe et ses rêves d’Utopie se transforment très vite en une sorte de pouvoir fasciste déguisé. Dans l’ombre, les gens commencent à gronder et l’on entend un nom qui circule, le symbole d’une certaine résistance… Batman…

Par fredgri, le 22 janvier 2023

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Notre avis sur Superman Red Son

Si cette fameuse collection Urban Nomad s’avère être suffisamment rentable pour continuer l’aventure, qu’elle semble avoir trouvé son public et convaincu quelques réticents, elle ne cesse néanmoins d’intriguer par son format, par ses propositions axées majoritairement vers du vertigo, loin des premières intentions qui prônaient une accessibilité dirigée vers les lecteurs de mangas.
Toutefois, en dehors des propositions Vertigo, Urban glisse aussi des récits du DC verse, quitte, comme ici, à s’aventurer vers les Elseworlds (des récits présentant une autre continuité que la version dite "classique"). Néanmoins, Superman Red Son est aussi un très bon exemple de récits alternatifs qui questionnent les fondements des modèles "normaux". Et c’est pour cette raison que c’est intéressant (comme ça l’est avec Kingdom Come, par exemple) de voir cet album dans cette collection poche, d’autant que le passage à la réduction de format ne pose pas de soucis !

Dans cette histoire Elseworld réellement ambitieuse, Mark Millar ("Ultimates", "Authority", "Wanted" et "kick Ass") se permet de retourner le mythe de Superman pour ouvrir un vrai débat sur le rêve américain et ses idéaux. C’est parfois un peu "grande gueule", pas toujours très subtile, mais je trouve le propos réellement pertinent, loin des schémas habituels.
Même si, finalement, la première partie nous dépeint un Superman très semblable à ce que l’on connait, ce qui est réellement passionnant, c’est cette vision d’une utopie contrôlée, ce rêve d’une humanité forcément heureuse, mais observée ! Ce qui permet aussi au lecteur de faire des parallèles, de se poser des questions de manière indirecte.
Cette idée d’un rêve ultime entre bien dans la thématique du super-héros, un homme avec des pouvoirs qui l’élèvent au dessus du commun des mortels et qui décide de s’élever davantage. "Vous serez heureux, même si vous n’êtes pas d’accord !"

C’est une guerre de pouvoir, les axes de la guerre froide se précisent, de moins en moins flous, Millar se pose la question : "Que se passerait-il si Superman avait eu de vrais idéaux politiques ?" Red Son est néanmoins loin d’être un comics politique, c’est avant tout une vraie histoire bien dense avec toutes les références nécessaires, des dialogues qui parfois frôlent l’irrespectueux pour la forme (Millar aime bien provoquer pour provoquer), mais qui sont généralement très bien vus !

Les dessins sont eux aussi d’excellente facture. Tout d’abord, on retrouve le trop rare Dave Johnson, habituellement cantonné à son travail de cover-artist, puis Kilian Plunkett que j’avais adoré sur "Alien, labyrinth", notamment ! Une belle alchimie qui rend les planches très attrayantes.

Un excellent volume qui fait réfléchir et qui montre que Millar ne se bornait pas, à l’époque, à n’être qu’un provocateur à la grande gueule, qu’il savait aussi bien écrire quand il s’en donnait les moyens !!!

Très conseillé.

Par FredGri, le 22 janvier 2023

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