SUCCUBES
Nayeli

En 1794, dans les sous-sols du cimetière du Père-Lachaise, Camilla est venue consulter sa mère supérieure de l’Ordre de Lilith et découvre la fameuse bibliothèque qui regorge d’ouvrages très rares dont le Vatican aimerait bien récupérer. En particulier, elle tombe sur le fameux Codex Venificiis, manuscrit aztèque ayant échappé à l’inquisition espagnole, et apprend son histoire. Pour cela, il faut retourner en 1574, à Mexico, au moment où l’inquisition exécute ses premiers autodafés. Dona Inès reçoit la visite de Saasil, une femme d’origine aztèque qui vient lui demander de protéger de la destruction le livre de magie. Tout en le lui remettant, elle lui raconte comment il a échoué entre ses mains. Tout commence en 1519, pendant que les deux jeunes filles Nayeli et Bibiki profitent de la générosité de Mère nature, leur village est assailli par une autre tribu aztèque. Eek, la vieille sorcière décharnée du village, grièvement blessée, parvient après avoir récupéré son livre sacré à s’enfuir. Elle est découverte par Nayeli et Bibiki qui les pousse à se lancer sur les traces de leurs agresseurs et à sauver leur peuple. Mais cette quête va changer irrémédiablement la destinée des deux jeunes femmes.

Par phibes, le 4 mai 2015

Notre avis sur SUCCUBES #5 – Nayeli

Les légendaires succubes, servantes démoniaques de Lilith ayant la particularité d’utiliser leurs charmes féminins pour mieux envouter leurs proies masculines, continuent d’inspirer Thomas Mosdi. Cette fois-ci, ce dernier nous offre une nouvelle histoire qui vient démontrer que son cours a été modifié à la suite de l’intervention d’une de ces puissantes manipulatrices.

Conformément au concept de la série, l’équipée ainsi dévoilée se veut jouer adroitement sur deux tableaux, la fiction et l’Histoire. Tout en se permettant de faire plusieurs bonds temporels, le scénariste nous dresse une destinée, celle de l’intrépide Nayeli, qui, à la suite d’une guerre entre tribus autochtones, va prendre une part active dans l’histoire dramatique de son peuple.

On pourra saluer la prestation de Thomas Nosdi qui, nous offre, encore une fois, un récit bien structuré et pour le moins captivant. Nayeli et son ami Bibiki mènent la danse et ce, grâce à l’assistance démoniaque de la sorcière Eek. L’apprentissage auquel elles s’adonnent permet d’orienter l’aventure dans des circonvolutions fantastiques, se nourrissant généreusement de la religion maya (le culte du dieu chauve-souris Camazotz) et de les préparer, fort de leurs nouveaux pouvoirs, à assumer une vengeance sur leurs congénères.

Historiquement, Thomas Mosdi montre qu’il sait se référer à des repères authentiques. Bien qu’un peu trop verbeux dans l’évocation de l’intervention de Cortès face à Moctezuma, l’histoire de Nayeli se veut plaisante à suivre. Grâce à cet habile dosage entre authenticité et imagination, et également à la faveur d’une sensualité féminine ambiante, on se laisse ensorceler facilement par la belle aztèque.

Il va de soi que le dessin de Gianluca Pagliarani illustre remarquablement l’épopée de Nayeli. En effet, l’artiste fait preuve d’une rigueur historique impressionnante au travers d’un jeu de décors superbement restitués (reposant inévitablement sur un gros effort documentaire). Pareillement, les personnages, leurs tenues vestimentaires, la richesse de leur apparat, on perçoit là-aussi une recherche poussée sur ces évocations historiques. Enfin, le dessinateur sait mettre en exergue la féminité et ce, grâce à un trait soigné, esthétiquement et sensuellement convaincant, que la belle palette de couleurs de Guilio Zeloni sait renforcer.

Une remarquable histoire complète d’une autre adepte de l’ordre de Lilith qui prend toute sa place dans la série-concept.

Par Phibes, le 4 mai 2015

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