Succombe qui doit

Dans son casse auto José se souvient de sa précédente vie, alors qu’il était encore boxeur, mais c’est surtout cette nuit qui le hante, sous la pluie, les mains clouées, au volant de cette DS, alors qu’il fuyait… La vie ne lui a rien épargné, même pas la tranquillité du présent… Car il découvre, en se réveillant, cette bande de braqueur qui, alors qu’ils sont recherchés par la flicaille, s’est réfugié dans son casse et qui le garde dorénavant en otage… On n’échappe décidément pas à son destin…

Par fredgri, le 9 janvier 2014

Lire les premières pages de Succombe qui doit

Publicité

Notre avis sur Succombe qui doit

La première séquence nous met dans le jus tout de suite. Un homme au volant de sa bagnole, des clous lui transperçant les os des mains, la voiture glisse sur la chaussée, se renverse et finit sur le toit. Le personnage accumule toute la fatalité de sa situation. C’est sombre, sans espoir, le trait de Rica vient parfaitement rehausser le style âpre et superbement ciselé d’Ozanam…

On est plongé dans un univers violent, qui n’épargne presque personne, mais qui demeure fascinant dès les premières pages. Car le scénariste condense, dans cet album, l’essentiel des grands thèmes du roman noir, le héros qui sombre progressivement, mais qui trouve dans cette "aventure" les dernières forces pour affronter ses cauchemars, pour relever la tête. Il est hanté par son passé, par la perte de sa famille et dans un dernier soubresaut voit là peut-être l’occasion de régler quelques compte avec la vie… On est touché par ce José, par cette chute mélancolique qui l’entraîne toujours plus bas. Ozanam joue très habilement avec cette empathie pour ce loser débonnaire qui tente de se relever une dernière fois.
L’écriture est sèche tout en restant assez subtile dans ce presque huis clôt oppressant et pourtant incroyablement captivant. D’autant que les pièce du puzzle, au début quelques peu décousues, s’emboitent au fur et à mesure avec une précision d’orfèvre.

Ozanam et Rica nous offrent là un remarquable album très tendu, d’où il est difficile de s’échapper une fois qu’on en a commencé la lecture. On y retrouve la très grande force de ces romans complètement désillusionnés, ou les héros n’ont plus rien à perdre, ou chaque plan dégage une vraie noirceur palpable au fur et à mesure que l’on suit cette intrigue qui entremêle les récits, implacablement, inexorablement plutôt. Car la grande "leçon" (si on peut vraiment l’appeler ainsi), c’est qu’il ne sert à rien d’essayer de fuir cette histoire, l’inéluctable tragédie du remord, de la revanche…

Alors je vous conseille de ne pas passer à côté de ce bijou qui se déguste comme un bonne bière un peu amère sur les bords, une vraie personnalité, sans concession. Il faut en apprécier chaque moment, car les auteurs y sont très inspirés. Ils nous ont concocté des planches magnifiques, avec des dialogues d’un naturel confondant !

Depuis le temps qu’on répète qu’Antoine Ozanam est un scénariste qui compte, alors le voir aux côté de Rica c’est un plaisir qui ne se refuse pas !

Attention, futur album culte !

Par FredGri, le 9 janvier 2014

Nos interviews, actus, previews et concours

À propos

Actualités, interviews, previews, galeries et concours.

Publicité