Strange Fruit

Chatterlee, en 1927. Le fleuve Mississipi est en crue et menace de dévaster des villes entières. Les digues cèdent les unes après les autres et de nombreuses plantations risquent d’être englouties. Soudain, un vaisseau vient s’écraser brutalement dans ce décor apocalyptique, un géant noir en émerge… Les passions s’envolent…

Par fredgri, le 27 mars 2017

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Notre avis sur Strange Fruit

Comme on a déjà pu le voir sur d’autres projets, Mark Waid aime explorer l’image du héros avec des traitements parfois décalés !
Il reprend ici le thème du surhomme tombé du ciel, mais il accompagne son discours d’une tension palpable dès les premières pages. C’est le Sud du début du XXième siècle, un Sud gangréné par le racisme, par un rapport de force blanc très marqué, un Sud intolérant qui comprend mal que certains "blancs" puissent ne pas jouer le jeu du rejet ! Et dans ce cadre bourré de préjugés, de haine, Waid amène un géant venu de l’espace, à la peau noire… Évidemment, on devine très vite la tournure des évènements, avec cette petite pointe moralisatrice qui rend les choses plutôt prévisibles, il faut bien admettre !

Il n’empêche que Waid nous offre ici un récit très intelligemment bien mené, avec un sous-texte, certes des plus limpides, mais néanmoins très pertinent aussi.
On reste dans une démonstration assez convenue, le sauveur qui représente l’anthèse des discours que se répètent les habitants de la région. Il est fort, grand, il ne cherche pas les ennuis, mais n’accepte pas de subir une discrimination intolérable qui nie sa liberté et son identité même !
En contre partie, Waid évite aussi les grands discours pontifiant sur l’acceptation des uns des autres, son intrigue est extrêmement limpide, presque trop scolaire, même. Il reste dans un portrait du Sud qui ne fait à la fois pas dans la dentelle, mais qui présente deçi delà des nuances !
Mais ne vous y trompez pas, car derrière ces petits recadrages j’ai réellement beaucoup aimé cette lecture qui va droit au but, tout en étant captivante d’un bout à l’autre !

Waid est habile, car sous couvert d’un scénario assez linéaire, il ouvre le débat de la différence, de l’humanisme qui émerge de l’épreuve, de manière presque biblique !

De son côté, J.G. Jones est époustouflant. Il aborde ici ses planches avec un réalisme sublime, lorgnant avec talent vers un traitement en couleur directe qui n’a pas à rougir devant des maîtres comme Alex Ross, par exemple. C’est très beau, expressif et réellement très efficace en terme de narration pure !
On sent le gros travail de documentation photographique et c’est très impressionnant !

Je ne sais pas si l’album, en lui même, restera dans les mémoires, toujours est-il que cela reste une très agréable lecture avec un très gros coup de cœur pour la prestation de J.G. Jones !

Par FredGri, le 27 mars 2017

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