Starr le tueur

(Starr the slayer 1 à 4)
Len Carson s’est jadis fait connaître grâce à ses livres racontant les aventures du puissant Starr, un guerrier extrêmement fort qui combat l’adversité ! Aveuglé par l’argent que lui rapporte cette célébrité, Carson décide un jour de se consacrer à la "vraie" littérature, en laissant derrière lui son personnage fétiche. Cependant, après quelques années de vache maigre, il se résigne à revenir vers Starr, mais son éditeur n’est plus si enthousiaste… L’écrivain lui promet alors une nouvelle aventure exceptionnelle…
Avec son père, sa mère et son oncle, Starr va vendre des bijoux à la cité voisine, histoire de pouvoir ramener des herbes. Mais sur place, après une stupide provocation, Starr tue un homme et se retrouve donc condamné à la pendaison avec sa famille. Sauvé in extremis par Moonja, qui dirige les arènes, le jeune homme devient gladiateur, tandis que le frère de sa victime, Trull, engage une longue vengeance pour définitivement détruire ce barbare naïf…

Par fredgri, le 6 avril 2019

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Notre avis sur Starr le tueur

Alors qu’on se souvient encore de la célébration récente, à Angoulême 2019, de Richard Corben, comme président du festival, Panini nous propose ce volume qui reprend une vieille mini-série, datant de 2009, mettant en scène Starr le barbare, un personnage qui n’est apparu auparavant que le temps d’un récit de 7 pages, datant de 70 !

Dans le récit initial, un écrivain, Len Carson, imaginait une ultime récit mettant en scène son héros, mais devant le refus de son éditeur errait dans les rues, quand soudain, Starr apparait devant lui, dans une ruelle de New York. De colère, ne comprenant pas ce qu’il fait là, le barbare croit que Carson est son ennemi, Trull le sorcier, et il le tue avant de revenir dans son monde… Point final !
Dans cette nouvelle version, Daniel Way revient donc sur tout ça, reprend les éléments originaux et les creuse bien davantage. Ainsi, nous découvrons Len Carson, fidèle à ce qu’il fut, un écrivaillon à la gloire passée qui tente un dernier coup de poker. Mais cette fois, c’est lui qui est absorbé et qui se retrouve dans le monde de Starr, son héros de papier ! En parallèle, Way revient sur les bases du combat entre Starr et Trull, il reprend aussi Morro (initialement le ménestrel qui suit partout le héros) et reconstruit complètement le monde qui les entoure.
Ainsi, Starr redevient un barbare proscrit, qui a tout perdu à cause de sa malencontreuse impulsivité stupide et qui va subir la lente vengeance de son désormais ennemi Trull ! On s’éloigne ainsi du modèle original qui se référait très ouvertement à Conan (d’autant que les auteurs d’alors, Roy Thomas et Barry Smith, allaient s’occuper, quelques temps plus tard du héros de Howard, toujours chez Marvel !) pour glisser vers une sorte d’archétype naïf, limite loser !

Le scénario de Way gagne donc en profondeur et en intensité au fur et à mesure, avec une très intéressante utilisation de l’auteur noyé dans son univers, même s’il pourrait aller encore plus loin. Toutefois, cela reste très intéressant, car mine de rien, le scénariste tord dans tous les sens la figure du barbare invincible et ultra puissant, faisant presque de Starr un personnage secondaire derrière son ennemi, avec une belle évolution des autres personnages tout du long de l’histoire !

Graphiquement, on a droit à du très bon Corben, même si les effets aéro de Villarubia ne sont pas toujours du meilleur effet ! Le maître excelle dans les cadrages, dans la dynamique des scènes d’action, dans cette façon d’insister sur les expressions, du grand art qui démontre bien combien cette consécration à Angoulême était on ne peut plus justifiée !

Sans être l’album du moment, ce Starr le tueur est avant tout une très bonne lecture, même si depuis le héros est retombé dans l’oubli…

Par FredGri, le 6 avril 2019

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