Squadron Supreme

(Squadron Supreme 1 à 12 + Captain America 314)
Maintenant qu’ils sont sortis des manipulations diverses qui les ont amenés à amener leur pays au bord du précipice, instaurant une dictature martiale, appauvrissant la population, ruinant l’économie et rompant définitivement la confiance qu’ont pu avoir les américains envers leur gouvernement et son groupe phare, les membres du Squadron Supreme décident de tout changer. Il est en effet temps d’aider ce pays blessé, de redonner espoir aux gens et de faire en sorte d’instaurer une sorte de nouvelle utopie.
Mais voilà, Nighthawk sent déjà que ce plan peut, dans la durée, amener des dérives, qu’il faut aussi ne pas trop en faire et laisser, parfois, une partie des problèmes se résoudre par eux même que de tenter de tout guérir coute que coute. Il quitte le groupe avec la ferme intention, à un moment d’empêcher ses ex-collègues si cela va trop loin…
Et au bout d’un moment Tom Thumb finit par mettre au point une machine sensée pouvoir changer un criminel en honnête citoyen…

Par fredgri, le 5 janvier 2011

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Notre avis sur Squadron Supreme

Au milieu des années 80 l’univers Marvel évolue, certes, avec un ton un tantinet plus dur (on vois une conscience politique arriver, des personnages secondaires meurent etc.), mais globalement on reste aussi dans une ambiance assez propre sur soi, avec des héros au rôle bien défini. Quand Mark Gruenwald reprend, à l’occasion de cette maxi série, ces personnages il va surtout décider d’amener le concept du héros pro-actif jusqu’au bout, quitte a bousculer certaines idées préconçues.

L’impact de cette série sera légèrement amoindrie par les monumentaux Dark Knight et Watchmen qui arriveront quelques mois après, néanmoins, mine de rien, Gruenwald va préfigurer des projets comme Stormwatch ou Authority et le ton plus adulte qu’il impose dans son scénario va réellement faire tâche dans le reste de la production Marvel de l’époque.

Très vite, pourtant il amène les questions essentielles. Un héros a-t il le droit de se substituer aux autorités et donc de résoudre de lui même tout les problèmes du monde, quitte à glisser progressivement vers une sorte de dictature fasciste ? Quelles sont les limites morales et éthique d’une machine à changer les personnalités des criminels ? Gruenwald va très vite donner les limites de cet héroïsme à grande échelle et de ses dérives. Plus globalement, la question qu’il pose sur le rôle du héros dans une société, sur l’ingérence du "super-héros" sur la société est intéressante. Il faut tout de même savoir qu’à la base le Squadron Supreme était une sorte de plagiat de la Justice League chez Marvel, une façon de reprendre les icônes DC afin de les envoyer contre les Avengers. Même si Gruenwald garde la richesse du parallèle, il amène aussi une sorte de critique plus virulente contre ces héros surpuissant qui sont devenus les nouveaux champions d’un monde soit disant libre. A force de s’imaginer des dieux ils finissent par vite oublier qu’ils ne sont que des humains, avec toute la marge d’erreur que cela peut entraîner.

Le parcours de l’archet est assez significatif à ce niveau là. Il n’est qu’un héros assez mineur qui se retrouve entraîné dans cet incroyable projet, gagnant ainsi du galon. Il louche sur une co-équipière qui nourrit pour lui une très profonde amitié quelque peu ambigüe, mais platonique. Alors que la belle refuse sa proposition de mariage il se tourne vers la machine à changer les personnalités, afin de l’amener à l’aimer passionnément. Seulement voilà, son action va pousser sa compagne à nourrir pour lui une passion acharnée qui va très vite intriguer les autres membres de l’équipe. Résultat, il va se faire virer du groupe. Déçu il se tourne alors contre ses anciens partenaires et rejoint "l’opposition". Malgré le pouvoir qu’on peut avoir il faut aussi imposer une éthique dans ses propres rangs.
Gruenwald amène très régulièrement les membres de l’équipe à débattre des choix à prendre, même si les voix qui s’opposent sont minoritaires et donc n’ont pas vraiment de poids, il est intéressant de se rendre compte des enjeux et de la réalité d’une certaine hégémonie.

Avec du recul, on ne peut que se rendre compte du côté profondément visionnaire de ce projet dont le propos dépasse très largement le simple cadre d’une banale histoire de super-héros. Le scénario est remarquablement construit, très équilibré et bourré de réflexions très intelligentes. Les dessins remplissent parfaitement leur rôle, sans trop en faire, que ce soit Bob Hall ou Paul Ryan, ce sont deux auteurs très compétents, de bons artisans très à l’aise dans leur planches. C’est très bon !

Vous voulez découvrir un autre genre de comics US mainstream, un chouilla plus engagé et plus profond, c’est peut-être l’occasion d’enfin briser cette a priori sur la production des années 80 et de se régaler avec ce très bon album ! Un must à lire absolument !

Par FredGri, le 5 janvier 2011

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