Sprague

Aux abords du port de Goëm, la mer a progressivement disparu. Depuis, chaque jour Vivian procède à des petits sondages dans le sable pour déterminer la profondeur de l’eau tandis que son frère Niels scrute l’horizon au moyen de cerfs-volants. Malheureusement, leur constat reste alarmiste. Deux expéditions ont été lancées pour connaître les raisons du retrait de la mer mais aucune n’est revenue. Pour le moins intrigués, les deux frères décident alors de tenter eux-aussi leur chance. Pour cela, ils parviennent à convaincre un ancien navigateur, Captain O’Greg, pour les emmener avec son bateau désormais sur roues et son surprenant crack-up aux confins de l’étendue asséchée. Ce périple va leur permettre de faire nombreuses découvertes et marcher sans le vouloir sur les traces des Grands Anciens.

Par phibes, le 21 juin 2022

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Notre avis sur Sprague

Si vous connaissez Rodolphe, scénariste intarissable, vous ne manquerez pas de vous dire en abordant cette équipée fantastique qu’une fois de plus, le scénariste a décidé de nous envoyer à la découverte d’une nouvelle planète avec toutes les particularités qui lui sont propres. Oui, l’auteur a, à l’instar de saga telles que Le pays de la nuit, Europa, Ter, Terre, Centaurus… replonge dans ces univers de science-fiction type années 80, volontairement surannés qui s’apprécient goulument pour leur classicisme et leur formalisme formaté.

Sprague (qui est la transposition en bande dessinée du roman de Rodolphe paru en 2004 chez Mango) se veut donc une aventure qui nous transporte dans un environnement très exotique de type médiéval ayant la spécificité d’être grevé par des évènements inquiétants et très mystérieux à savoir la disparition d’un satellite et le retrait d’une mer. Cela suffit à deux frères pour se lancer dans une aventure qui a pour objectif de lever le voile sur ces curieux phénomènes aux répercussions évidentes.

Excellemment menée par un scénariste on ne peut plus aguerri, cette histoire complète se déroule linéairement et nous promet de nombreuses rencontres. Selon ce fil conventionnel, elle nous permet de comprendre progressivement le mode de fonctionnement de cet univers et son passé, porté en cela par trois personnages voire trois et demi (en comptant le crack-up intelligent) des plus sympathiques. Grâce à leur soif d’équipée et à leurs découvertes progressives, ils parviennent à susciter quelques bonnes surprises.

Le travail graphique d’Olivier Roman (Harry Dickson, Alchimie, Les fables de l’Humpur…) se veut, quant à lui, du bel effet. Pour cette deuxième coopération avec Rodolphe après Le Manoir, l’artiste démontre sa grande maturité artistique, nous offrant ainsi un travail des plus aiguisé, esthétiquement remarquable, rigoureux et soigné. Le jeu pictural qu’il s’impose au travers de nombreuses vignettes dont les décors se suivent dans chacune d’elles confirme l’adresse de ce dessinateur averti. On saluera également l’excellente performance de Denis Béchu qui, via une colorisation chatoyante, parvient à mettre en évidence la beauté du dessin.

Un one-shot fantastique plutôt classique mais qui se veut de très belle qualité, tant au niveau du concept que celui de l’illustration.

Par Phibes, le 21 juin 2022

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