Dès le début on est dans un album très particulier, la volonté des auteurs est ainsi de retrouver certain des fondements qui ont fait de ce personnage ce qu'il est, de retrouver notamment la touche Franquin, par exemple ! Très vite on se noie un peu dans un flot de références à des vieilles aventures, Spirou croisant son homologue du passé, allant jusqu'à intervenir dans le cours de l'histoire. Alors c'est intéressant, évidemment, les auteurs, avant de partir, veulent tout chambouler et ainsi faire un peu de révisionnisme pour marquer l'histoire, libres aux suivants de toute remettre dans l'ordre, néanmoins cela tourne assez vite au scénario prétexte tant ce qui compte (et on réalise très bien que ça n'est que la finalité qui vaut le coup) est uniquement l'effet de surprise des trois dernières pages, le reste est avant tout du remplissage balayé par le coup de théâtre final.
Alors je continue à dire que c'est intéressant parce que les auteurs ont voulu faire table rase de beaucoup de choses pour en revenir aux bases, à l'esprit Franquin, ce qui est louable. Malgré tout ils imposent un tel formatage du mythe Spirou que l'on est en fin de compte assez mitigé. Tout d'abord on est admiratif car il fallait oser, mais ensuite on se dit aussi que c'est dommage de partir sur ces nouvelles bases, de gommer ce qui a été fait après Franquin... Déjà que l'excellente idée de Tome et Janry dans "La machine qui rêve" est lamentablement passée à l'as !!! D'un autre côté beaucoup d'idées restent en suspent qui peuvent permettre de ramener certaines choses à la normale, mais cet effet "retour vers le futur" n'a pas fini de semer le bordel, d'autant qu'il ne s'agit pas uniquement de Spirou et Fantasio, mais ici on s'attaque aussi à Zorglub et Champignac !!!
Bref, je pressens un gros scepticisme de la part des fans de la série. De mon côté j'aurais tendance à me dire qu'il n'était pas nécessaire de faire autant dans le revisionnisme de "geek", qu'il était possible d'imposer un rajeunissement à cet univers, un retour aux bases sans tomber dans une telle réécriture. D'ailleurs d'autres ont su montrer qu'il était tout à fait possible de faire dans l'originalité sans tomber dans le sensationnalisme d'opérette (Tome et Janry, Emile Bravo). Morvan a une nouvelle fois voulu redynamiser Spirou (bonne idée), mais les méthodes utilisées peuvent paraître bien excessives et gratuitement "rentre-dedans" !
A voir ce que feront les successeurs !
Par Fredgri,
le 19/10/2008