Spirit of Wonder

Cette BD de 400 pages regroupe plusieurs petites histoires autour d’un professeur et de sa fille, puis d’un autre professeur et de son fils. Chaque histoire se déroule dans un avenir proche avec pour thème la science et la filiation. Dans la première, par exemple, les eaux ont monté et submergé le Japon. Un professeur aidé de sa fille se tente de retrouver les découvertes du grand-père, "scientifique de génie, le premier japonais à avoir reçu le prix Nobel deux fois".

Par geoffrey, le 20 mars 2015

Publicité

Notre avis sur Spirit of Wonder

Paru au Japon il y a plus de 20 ans, ce manga possède au premier abord un charme désuet plutôt plaisant. Cela vient de l’atmosphère particulière à la croisée des chemins entre le steampunk (par petites touches, notamment via des dirigeables de type Zeppelin), une façon de présenter une science oscillant entre magie et merveilleux, et une sensualité incarnée par de jeunes et jolies héroïnes.

Le dessin charme l’œil lui aussi en fourmillant de détails, loin des raccourcis graphiques dans les mangas d’aujourd’hui, et s’attache à chaque case à placer un décor riche et baroque. Celui-ci vient alimenter une atmosphère qui tient à la fois d’une sophistication passée et du réalisme moderne. Et Tsuruta révèle tout un talent de cadrage pour donner des angles de vues indiscrets et nous faire voir sous les jupes des filles…

Passés ces atours enchanteurs, on constate rapidement que le ramage n’atteint pas le niveau du plumage. Les motivations des personnages demeurent parfois bien obscures. Puis les découvertes scientifiques (robot, théorie sur l’éther (comme dans L’étoile dans le ciel), voyage dans le temps, dans l’espace, cryogénie…) délaissent très vite le premier plan pour ne devenir qu’un prétexte secondaire – quand ce n’est pas plus lointain, voire inexistant – à une intrigue amoureuse et sadique.

En effet, au fur et à mesure des récits de qualité inégale, l’auteur perd pied avec les nobles sentiments initiaux et emprunte un chemin tortueux qui le mène toujours vers davantage de perversité sexuelle. C’est ainsi que l’homme est présenté comme un scientifique intouchable, poursuivant un but humaniste, mais obsédé sexuel qui harcèle une femme, forcément au rang inférieur, assistante idiote ou logeuse jalouse, violente et manipulable. Quand la femme possède la "science infuse" qu’elle partage généreusement avec un groupe de savants très âgés, dénommé le club des jeunes scientifiques, ceux-ci ne pensent qu’à lui ploter les seins et à s’amuser à bord d’un Zeppelin… Si des fois l’intrigue s’ éloigne de cette tendance, elle devient confuse et égare le lecteur en cours de route.

Ainsi, malgré certaines trouvailles dont l’une n’est pas sans rappeler le film The Truman Show (qui sort en 1998, soit 4 années après la parution japonaise de Spirit of Wonder), l’intérêt pour ce recueil s’étiole rapidement. Il déçoit tant par ses maladresses que par une promesse de merveilleux qu’il ne tient finalement pas, préférant se fourvoyer dans l’exposition bancale des bas instincts humains.

A noter qu’il a fait l’objet d’une adaption en anime à la fin des années 1990.

Par Geoffrey, le 20 mars 2015

Publicité