SOUVENIRS DE TOUSSAINT
Pied de bouc

Hélène, une jeune femme ayant revêtu ses habits nuptiaux, se suicide du haut d’un pont et se noie, au désespoir de son frère Lucien-Paul. 20 ans plus tard, Toussaint, photographe ambulant, est appelé par Léon Joanne, instituteur, pour immortaliser la vallée et le pont où s’est déroulé le drame avant d’être submergés par les eaux d’un barrage. L’intervention du jeune Toussaint va être l’occasion d’expurger un secret dramatique que se partagent ledit Léon, Lucien-Paul et le mutilé Pied de bouc.
 

Par phibes, le 1 août 2009

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Notre avis sur SOUVENIRS DE TOUSSAINT #2 – Pied de bouc

"Pied de Bouc" est la deuxième aventure du jeune Toussaint, grand arpenteur des routes de France, qui, grâce à sa curiosité de photographe et son opportunisme, se trouve mêlé à une nouvelle intrigue dont les remugles vont ébranler la population d’un petit village.

Didier Convard réédite en fait le concept selon lequel un évènement vieux de 20 ans trouve son exutoire en la venue du jeune héros. Ici, l’intrigue reprend quelque peu la forme de la précédente affaire qui gravite autour d’un quatuor de personnages torturés et dont le point d’achoppement est une femme décédée.

Pour la deuxième fois, la rencontre intimiste avec la frange paysanne du 19ème est constructive, envoûtante par son ambiance ancestrale et enivrante par le particularisme des intervenants ô combien recroquevillés sur leurs petits secrets. Et c’est là l’intérêt de la manœuvre "convardienne", celle d’entretenir, hormis bien sûr la différence physique, quelques discrétions énigmatiques qui appesantissent l’histoire. Aussi, sans faire usage d’effets d’annonces retentissants, d’une débauche de violence gratuite, le scénariste donne subtilement de l’émotion, de l’équivoque. Les échanges qu’il engage se déroulent sur un fonds de simplicité, d’amour, de douleur morale et de rudesse historique et nous transporte dans des souvenirs dont l’amplitude va de la guerre de 1870 à pratiquement à la fin de ce siècle.

François Dermaut a su capturer des moments bien saisissants, plein de suspicion et auréolés d’une ambiance tragico-historique bien pesante. Cette dernière dans laquelle il excelle grâce à son autre série " Les chemins de Malefosse", est entretenue par les postures figées de ses personnages que l’on ressent perdus dans leurs pensées (Léon, Pied de bouc) ou par leurs interventions surprenantes, maladives (Lucien-Paul). Le détail dans lequel ce dessinateur se complait est d’une richesse extraordinaire caractérisant la vie à une certaine époque. A ce titre, on sent une nette amélioration de son graphisme qui confère à l’ensemble de son travail un attrait à certainement ne pas négliger.

Ce deuxième opus s’inscrit parfaitement dans la lignée tragique du premier et se révèle grâce à Toussaint et à ses instantanés rustiques et sans appel. A déguster pour ses saveurs intrigantes d’antan.
 

Par Phibes, le 1 août 2009

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