Souvenirs de l'empire de l'Atome

Nous sommes en 1963. Paul est écrivain de SF, il visite avec sa femme et sa fille le Mexique. Alors qu’ils se baladent, le jeu de carte de la fillette ranime des souvenirs de Paul, notamment au sujet de Zarth Arn, ce prince de étoiles qui vit dans le futur, avec qui il est contact télépathique depuis son enfance…
Des années auparavant, au début des 50’s, il avait accepté de suivre un traitement psychologique avec le docteur Jensen qui explora avec lui les méandres de cette "relation télépathique". Le cas de Paul devient vite célèbre à la suite d’un article écrit par Jensen. Il fut alors contacté par le mystérieux Gibbon Zelbub, consultant scientifique du Pentagone et de l’industrie américaine qui se targuait d’émuler toutes les connaissances de son époque afin de forger un futur plus extraordinaire. Paul subit donc une série d’expériences hypnotiques afin d’aider Zelbub à entrer lui aussi en contact avec Zarth Arn et lui permettre de voler des plans secrets dans le futur…

Par fredgri, le 2 décembre 2013

Notre avis sur Souvenirs de l’empire de l’Atome

Je suis venu vers cet album principalement pour le graphisme qui m’a tout de suite séduit, avec ce qu’il faut d’esprit rétro-futuriste pour m’accrocher ! De plus, j’aime assez ce que j’ai lu de Smolderen jusque là (Gipsy, McCay et Ghost Money), du coup l’un et l’autre ça donnait une formule intrigante !

Après lecture, je garde une étrange impression, comme si je m’étais plongé dans une histoire passionnante, mais incroyablement brouillon, avec des références partout, des va et viens dans le temps… Les auteurs nous plongent avec un plaisir évident dans l’imagerie fluide, ultra design et futuriste de la SF des années 50. Le graphisme très épuré de Clerisse est en complète osmose avec l’univers qui s’installe devant nous, renvoyant vers les véhicules de Franquin, vers les vieux films ou les spots de pub très fifties ! D’emblée le cadre est posé et Paul inscrit sa propre pensée dans une réflexion sur son époque, sur ces ambiances modernistes qui influent directement sur le quotidien de chacun, les voitures, les meubles, les objets de tout les jours !

On n’est néanmoins pas dans une parodie, loin de là, Smolderen et Clerisse posent un regard plein de respect sur cette période. En contre partie, ils s’inspirent de tout un tas de sources, à commencer par l’évident diptyque "Les Rois des étoiles" écrit à la fin des années 40 par Edmond Hamilton, deux romans que j’ai dévoré gamin, qui partent exactement sur les mêmes bases, un terrien entre en contact télépathique avec un prince galactique du futur nommé Zarth Arn… On peut se dire que Smolderen ne s’est pas trop embêté sur ce coup là, allant même jusqu’à garder le nom du héros du futur tel quel, tandis que le nom de plume de Paul: Gordon G Dickson, rappelle celui du héros terrien des romans, John Gordon…
Mais le propos va tout de même plus loin que ça. Car, certes, il reprend le postulat d’Hamilton, mais il se demande ce qu’il se passerait si un arriviste démiurge type Zorglub (d’ailleurs le méchant s’appelle Zelbub !) s’intéressait à cet univers fantasmé et qu’avec les techniques de persuasion utilisées dans les milieux publicitaires et militaires, d’hypnose il pouvait lui aussi entrer en contact avec le fameux Zarth Arn pour voler les secrets scientifiques du futur !!!
Il y a donc là une réflexion très intéressante sur le sens de la fiction, son interaction avec la réalité, avec notre époque !

La suite est tout de même assez confuse, tout de même, on a du mal à non seulement s’y retrouver entre les flash back, les séances d’hypnose, le réel, l’imaginaire etc. et le propos même de Smolderen qui part parfois dans tout les sens, qui nous pousse à faire le tri ! Alors, bien sur, c’est passionnant, toutefois ça aurait certainement gagné à être plus structuré !

Néanmoins, et bizarrement, j’en ressort assez content. Comme si je m’étais immergé dans un univers qui évoque mes lectures de gamin, les vieilles histoires de SF, une réflexion sur la modernité dans les années 60, le tout dans une débauche de cases, de planches globalement magnifiques !
Un étrange album, très intrigant, mais captivant d’un bout à l’autre !

Par FredGri, le 2 décembre 2013

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