Sous-sols

Une jeune fille s’endort et se réveille dans les sous-sols de l’accélérateur de particules du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire). Là elle rencontre un scientifique qui lui dit être lui-même bloqué dans ces sous-sols depuis trois semaines.
A la surface, cela fait trois semaines que la lumière à disparue, les journaux parlent d’un trou noir créé lors de la mise en marche de l’accélérateur… Peu à peu un climat de tension s’installe, les gens ont peur et tentent de fuir. Pendant ce temps, la sœur jumelle de la jeune fille prisonnière des sous-sols fait connaissance par hasard avec la femme du scientifique…

Par melville, le 27 août 2010

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Notre avis sur Sous-sols

Pierre Wazem et Tom Tirabosco sont deux auteurs aux univers forts et singuliers, alors quand ils s’associent le temps d’un album, une alchimie fascinante se créer et nous emporte au-delà du réel, le temps s’arrête et la magie opère l’instant d’une lecture. Deux ans après La fin du monde, ils nous reviennent avec Sous-sols qui reprend les mêmes bases narratives et explore une nouvelle fois les abîmes de l’inconscient.

Le monde imaginé par Wazem est teinté d’un fantastique inquiétant mais pour autant il y règne une certaine sérénité, une douceur qui vient de la grande tendresse que l’auteur a pour ses personnages. Dans ce livre il est question d’accélérateur de particules, d’hadrons, de protons, d’électrons, de neutrons et de photons… Il est vraiment intéressant et passionnant de voir comment Wazem détourne la physique quantique pour la mettre au service de son propos. La science côtoie sans heurt l’onirisme et le fantastique, et devient symbolique : les photons sont les particules qui composent la lumière, mais chut… vous comprendrez quand vous lirez. L’auteur s’interroge sur des thèmes qui lui sont chers : la solitude, la fragilité de cette chose insaisissable que l’on nomme la psyché et qui peut si facilement se briser. Sur l’enfance qui nous quitte trop rapidement sans pour autant totalement nous abandonner… Comme avec La fin du monde, le propos de ce livre a pour finalité la résilience, l’acceptation qui conduira en quelque sorte à une renaissance. Le monde dans lequel évolue l’héroïne est le reflet de son état intérieur, elle doit chercher la lumière dans un monde éteint.

Alors oui, lire une bande dessinée de Pierre Wazem et Tom Tirabosco, c’est accepter de se laisser glisser dans cette atmosphère empreinte de rêve et d’affection sur toile de fond de cataclysme imminent, c’est accepter les non-dits de la pudeur. Au départ cela peut paraître être un exercice assez déroutant mais il est nécessaire, et pour qui réussit à s’ouvrir à ce monde alors tout devient limpide et l’ombre s’estompe laissant place à la compréhension.

Au dessin on retrouve donc Tom Tirabosco et ses illustrations à la craie réalisées dans les tons de bleus. C’est réellement un superbe travail qui porte en lui le récit de Wazem, l’un et l’autre semblent indissociables et se répondent. A l’instar du scénario, le trait de Tirabosco puise sa force dans sa « simplicité ». Le visage des personnages renferme une grande émotion. Je ne peux également que vous inviter à admirer son sens aiguisé de la photographie, il distille ombres et lumières avec une justesse impressionnante.

Sensible, poignant, envoûtant, Sous-sols est un livre riche qui vaut vraiment la peine d’être lu. Un vrai coup de cœur en cette rentrée « littéraire » 2010.

Par melville, le 27 août 2010

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