Sous l'entonnoir

 
Aline n’a que sept ans quand sa mère meurt d’une balle de carabine qu’elle s’est tirée dans le ventre. Le genre de situation qui vous pourrit la tête pendant toute l’enfance, voire au-delà… Et c’est sûrement en partie suite à cela qu’Aline, un jour, bien plus tard, à dix-sept ans, paumée, a ingéré des médicaments en surnombre, ce qui a eu pour effet de la faire passer par les urgences de Bichat avant qu’elle ne se retrouve pour une durée indéterminée à l’Hôpital Sainte Anne. Chez les fous…
 

Par sylvestre, le 17 novembre 2011

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Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Sous l’entonnoir

 
Sous l’entonnoir est un récit autobiographique revenant sur le mois qu’a passé la scénariste Sibylline à l’hôpital psychiatrique Sainte Anne lorsqu’elle avait dix-sept ans. Un mois, vous me direz, ce n’est pas si long que ça. Mais tout est relatif, car sachez que lorsqu’elle y a été internée, Sibylline (qui pour son récit prend le prénom Aline) ne savait pas pour combien de temps elle y serait !

Après une évocation de cauchemars qu’elle faisait quand elle était enfant (on voit soit dit en passant Aline dessinée enfant avec un visage qui ressemble étrangement au visage qu’elle a adulte), on entre dans le vif du sujet : cachetons, urgences, puis hôpital psychiatrique… Direct ! Ces transitions assez violentes mènent à l’ambiance déboussolante et aseptisée des couloirs de l’établissement où elle a échoué et où règnent silence perturbé et couleurs fades qui rappellent celles des murs tristes de vieux hôpitaux…

Une fois le cadre posé, c’est sur les relations avec sa famille mais aussi, et principalement, sur les relations qu’elle aura avec les autres pensionnaires que le récit va s’attarder. Aline n’est pas folle, mais c’est bien parmi les fous qu’elle a été placée. A moins qu’elle soit vraiment folle, auquel cas… comment pourrait-elle savoir si elle l’est ?! Aline déstabilisée, déstructurée, doit – quoi qu’il en soit – subir cette "parenthèse imposée" et va hésiter parfois entre le laisser-aller et la prise en main de soi, par exemple lors de ses tentatives de communiquer avec ses "colocataires"… Ce qui ne va pas s’avérer simple, ces derniers étant tous plus ou moins dans leur hermétique bulle difficile à forcer.

Vol au-dessus d’un nid de coucou nous avait bien fait rigoler au cinéma grâce (entre autres) à la prestation de l’acteur Jack Nicholson, mais il n’en est pas vraiment de même avec Sous l’entonnoir qui pourtant se déroule dans le même genre d’endroit : un hôpital psychiatrique. Mais… C’est qu’on n’est pas dans de la fiction, là !

Peut-on vraiment mesurer ce que signifie pour quelqu’un une telle expérience ?! Difficile à croire. Et on ne le souhaite à personne. Aujourd’hui, l’intéressée est sortie de tout cela, et sans doute son retour "par la BD" à cette courte période de sa vie doit faire partie de la fin de sa thérapie. Grâce au dessin de sa complice Natacha Sicaud, elle parvient en tout cas avec Sous l’entonnoir à nous bousculer. Les murs des hôpitaux ne sont pas si épais que cela, mais ils suffisent parfois à mettre des gens hors du monde. Avec cette BD, poussez les portes de l’envers d’un décor…
 

Par Sylvestre, le 17 novembre 2011

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