Edition 2016

 
Ça s’est passé à l’automne 1092. Le grand vizir Nizam al-Mulk a été assassiné par un ismaélien : un chiite en résistance contre la volonté du sultan Malik Shah de convertir l’Iran à l’islam sunnite. L’assassinat s’est fait devant de très nombreux témoins qui ont tous rapporté que le meurtrier avait agi en souriant et que son visage était resté rayonnant même après qu’on lui a coupé la tête !

Ont suivi l’assassinat du sultan et des luttes pour le trône de celui-ci, laissé vacant… Une situation qui a poussé Omar Khayyâm, l’astrologue de feu le sultan, à prendre la route de l’exil.

Le destin (ou quelque complot) conduira l’érudit chez Hassan ibn Sabbah, un vieil ami devenu le chef des ismaéliens, celui-là même qui a commandité l’assassinat du grand vizir Nizan al-Mulk pour se venger d’avoir jadis été chassé de la cour du sultan.

Lors de ces retrouvailles, l’ismaélien Ibn Sabbah va expliquer à Omar Khayyâm comment il est devenu prisonnier des principes qu’il impose à ses adeptes dans son combat pour rendre à l’Iran sa souveraineté depuis trop longtemps bradée aux Arabes puis aux Turcs. Il va également lui faire une démonstration de son art d’endoctriner les assassins qu’il envoie ensuite servir sa cause…
 

Par sylvestre, le 27 février 2017

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Notre avis sur Edition 2016

 
Chiisme vs sunnisme, courants religieux souterrains ou ayant pignon sur rue, maîtres et adeptes… L’Islam a une histoire d’autant plus compliquée que politique et intérêts divers s’en mêlent souvent ! Sans parler des petits arrangements que chacun peut avoir avec Allah, à l’instar du libre penseur Omar Khayyâm qui, pour appuyer cette complexité, n’hésite pas, lors de son exil, à dire au disciple qui l’accompagne que les ennemis de ses ennemis ne sont pas toujours ses amis !

Un petit texte est à lire avant les planches de la bande dessinée, juste après une carte géographique qui, elle aussi, est là pour nous faire rentrer dans le récit avec un précieux éclairage sur le contexte.

La BD ensuite est un régal pour les yeux. Elle est dessinée dans un style qui emprunte aux peintures arabe et perse de l’époque concernée. Certains éléments comme les volutes de fumée, les rochers ou la végétation sont ainsi stylisés, par exemple. Les anatomies et les perspectives aussi, sont "exotisées", se pliant aux standards de représentations d’alors et de là-bas… C’est un exercice de style graphique superbement mené par l’auteur Jean Dytar, graphisme que des couleurs très vives relèvent, parmi lesquelles le doré, qu’on retrouve aussi dans les cadres qui entourent chaque planche ou qui vient orner la magnifique couverture de l’ouvrage.

En plus d’être intéressante pour son dessin, cette oeuvre l’est pour le regard original qu’elle porte sur l’Iran médiéval, ses gens haut placés et les coutumes qui font leur quotidien. Elle renvoie en outre, avec la démonstration d’endoctrinement que fait Hassan ibn Sabbah à Omar Khayyâm, à la triste actualité d’embrigadement des écervelés qui partent grossir les rangs des armées djihadistes…

C’est en 2009 que cette BD est d’initialement parue. Rééditée fin 2016 sous une nouvelle couverture très classe, cette bande dessinée Le sourire des marionnettes fera à coup sûr de nouveaux fanatiques, mais heureusement, ce seront des fanatiques… d’art !
 

Par Sylvestre, le 27 février 2017

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