Le sourire de Rose

Séparé de sa femme, Desmond Wilson se doit d’assurer une garde alternée pour son fils. Se rendant à l’école pour le chercher, il apprend que son ex l’a déjà récupéré. Mais au lieu de faire un esclandre, il fait profil bas. Quittant l’école un tantinet énervé, il s’affale de tout son long sur l’escalier enneigé de l’établissement. Abasourdi, il exhibe de sa poche une photo de son fils qui, à la suite d’une rafale de vent, s’envole. Partant à sa suite, il finit par la récupérer non sans avoir percuté violemment une jeune femme, Rose. Pour se faire pardonner, Desmond l’invite au café. Là, ils échangent brièvement quelques mots jusqu’à qu’elle décide subitement de le quitter. C’est alors que le jeune homme s’aperçoit que Rose lui a dérobé la photo. Il décide derechef de se lancer à sa poursuite. Son initiative va être l’occasion de découvrir à ses dépens le secret de Rose qui, immanquablement, va l’amener à croiser le chemin de deux sales types, le vieil industriel fortuné François et son homme de main Ulrich.

Par phibes, le 30 mai 2014

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Notre avis sur Le sourire de Rose

Sacha Goerg (La fille de l’eau, Nu…) fait partie de ce collectif d’auteurs en adéquation avec les nouveaux modes d’expression que l’ère numérique a apportés. Sous l’égide du magazine mensuel Professeur Cyclope fondé, il y a à peu près un an, par un quarteron d’artistes du 9ème art reconnus (de Bonneval, Brüno, Pedrosa, Tanquerelle, Vehlmann) en partenariat avec Arte, cet auteur a trouvé, comme d’autres, le moyen de mettre en avant son potentiel artistique. Grâce aux maisons Casterman et Arte éditions, son travail se voit maintenant repris pour faire l’objet d’une publication en papier.

Le sourire de Rose est une histoire contemporaine, qui se base sur la rencontre de deux êtres, un homme et une femme, Desmond et Rose. Il va de soi que si, au demeurant, ce fait n’a rien d’extraordinaire, il va engendrer malgré tout une suite qui l’est beaucoup moins. A cet égard, dès le départ, tout semble dit sur Desmond. Un tantinet looser, manquant de poigne, sans travail et sans éclat, ce dernier se voit malmené par son ex-femme sans qu’il sache vraiment lui répliquer. Par contre, Rose, qui intervient de façon inopportune, a des choses à dire tant elle véhicule un certain mystère et qui va perdurer jusqu’à sa levée.

Aussi, le récit qui se veut bien séquencé et qui commence dans des circonstances purement intimistes bascule bientôt dans des dispositions plus policières. Sacha Goerg fait reposer son histoire sur son personnage féminin, sur sa partie non avouée que Desmond va devoir découvrir et qui va l’amener à affronter deux autres personnages pour le moins menaçants et à se trouver lui-même. Il en découle une histoire moderne simple, généreuse et gentiment rebondissante. On se plait à suivre Desmond dans ses pérégrinations de père sans surprise, brimé par son entourage. Progressivement, celui-ci va prendre une certaine étoffe au contact d’une jeune femme à l’aura opposée, qui apportera, d’une part, une fraîcheur féminine des plus agréables malgré certains petits travers et d’autre part, une tension générée par deux farouches poursuivants.

Pour les besoins de cette publication, Sacha Goerg a été obligé de revoir la pagination de son œuvre d’origine. Il n’en demeure pas moins que son travail, qui bénéficie d’une modernité évidente dans l’agencement éclaté des vignettes, est pour le moins remarquable. A la faveur d’un trait dynamique, nature et sans excès, et d’une colorisation directe chaleureuse, son œuvre reste d’un abord très attrayant.

Une histoire complète rafraîchissante, simple et efficace qui a la particularité d’être issue du mensuel numérique Professeur Cyclope et qui mérite pleinement sa mise en avant par la maison Casterman.

Par Phibes, le 30 mai 2014

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