SOURIRE DE LA BABY-SITTER (LE)
Calista

Baby-sitter à ses heures, Calista garde la jeune Emma dans le grand appartement cossu des parents de cette dernière. Ce soir-là, son amie Anna vient lui rendre visite afin de se rendre compte du luxe dans lequel elle travaille. Totalement émerveillées par cette opulence qu’elles ne pourront certainement jamais atteindre, les deux jeunes filles se montent un plan drague qui consiste à emballer carrément Jean, le père d’Emma, et à le pousser à quitter sa femme. Pour cela, un petit stratagème s’impose qui consiste à analyser le style de vie de leur "victime" et ensuite, à passer à l’action dès que l’opportunité se présente. Mais jusqu’où seront-elles prêtes à aller pour jouer avec le feu ? Ne vont-elles pas y consumer leur innocence ?

Par phibes, le 22 février 2010

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Notre avis sur SOURIRE DE LA BABY-SITTER (LE) #1 – Calista

En signant sous le pseudo Jim, ce scénariste émérite nous avait habitué jusqu’à présent à une prose légère, humoristique, que confirme aisément la vingtaine d’albums parus chez Vents d’Ouest. Or, avec cet opus édité chez Soleil, il s’accapare d’un sujet délicat voire grave, en tout cas, certainement moins désopilant que pourrait le prétendre son premier de couverture aguicheur.

Ici donc, point de blagues mais une histoire surprenante et envoûtante de deux jeunes filles en proie à des questions existentielles de base. Calista et Anna ont des aspirations particulières et veulent brûler les étapes pour accéder à une existence matérialiste. De fait, comment pouvoir briller socialement si ce n’est en jouant subtilement avec les acquis des autres ?

Le jeu dans lequel nous plonge Jim est assurément intrigant au regard de la jeunesse, de l’indolence et de la beauté de ses participantes. Toute la subtilité est dans les apparences car les deux jeunes filles, sémillantes et pleines de douceurs au demeurant, ont une volonté et des exigences d’adultes avertis. Exhalant une insouciance inquiétante enrobée d’une précocité extraordinaire (Anna étant toutefois un peu plus libérée que Calista), les deux nymphettes engagent sans aucune retenue leurs atours pour arriver à leurs fins.

Aussi, si le ton est, au départ, délicieusement mignon avec l’histoire de Monsieur Crotte, il prend rapidement des proportions plus adultes dès l’apparition d’Anna. Certes, l’ambiance est jeune, subtilement fougueuse et réserve des réflexions plutôt averties que Jim libère crûment. Elle met bien en évidence le mal être et le désœuvrement des deux filles qui souhaitent coûte que coûte se sortir de leur situation et d’en atteindre rapidement une autre plus enviable en pratiquant le jeu dangereux de la tentation.

Le dessin chaleureux et colorisés très soigneusement de Grelin est double. Autant, il met en scène des personnages tout ce qu’il y a de plus charmants, craquants de par leurs regards complices, autant il inquiète de par ce qu’ils renferment en leur for intérieur. Dans tous les cas, son trait semi réaliste, légèrement déformé pour les personnages dans les plans généraux, est superbe et témoigne d’une aptitude à susciter des émotions aguichantes franchement probante.

Un premier tome surprenant (d’une série composée de deux albums) sur les ambitions dangereuses de deux jeunes filles, à lire sans retenue mais à réserver à un lectorat adulte.

 

Par Phibes, le 22 février 2010

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