SOULIERS ROUGES (LES)
L'albinos

Au printemps 1944, lors d’une fouille réalisée dans la petite bourgade bretonne de Saint Nicolas du Pélem, Jules et son ami Georges, le russe blanc, ont évité de peu d’être pris en défaut par le sadique milicien Daiguer. Considérant la progression des alliés, l’occupant teuton devient de plus en plus nerveux et ce n’est pas les attaques sporadiques des résistants qui vont les calmer. Aussi, à la suite d’une attaque à l’explosif qui occasionne de lourdes pertes dans leur rang et de l’arrivée d’un officier supérieur SS, les représailles se veulent beaucoup plus sanglantes. Les arrestations se faisant en masse, Jules et Georges décident de se soustraire à ces rafles et de se cacher dans leur maisonnée. Comble de malchance, un officier allemand a élu domicile chez eux et les deux fugitifs se doivent de ne pas attirer son attention. Ils se réfugient alors dans les combles et, de leur cache poussiéreuse, se rendent témoins des agissements inhumains de leurs tortionnaires sur la population. Pourront-ils tenir jusqu’à l’arrivée des libérateurs ? C’est possible mais à la condition de ne pas faire de faux pas, car s’ils se font prendre, ils risquent de le payer très cher.

Par phibes, le 13 avril 2015

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Notre avis sur SOULIERS ROUGES (LES) #2 – L’albinos

Après une première partie remarquablement bien réalisée (l’épisode a d’ailleurs obtenu le prix coup de cœur du festival de Saint Malo 2014) qui nous permettait de nous plonger dans les ambiances oppressantes d’occupation, Jules et Georges reviennent pour nous donner la suite de leurs péripéties. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles étaient attendues.

Gérard Cousseau nous livre donc un deuxième et dernier épisode qui, l’on peut le concéder, saisit conséquemment en faisant monter en puissance l’histoire des deux personnages principaux. En effet, si précédemment, l’on ressentait, malgré l’atmosphère pesante de cette occupation allemande, une certaine légèreté, grâce au jeu complice des deux hommes, dans le présent tome, le récit se durcit sensiblement au point d’atteindre une dimension huumaine des plus troublantes eu égard aux actes ignobles perpétrés par l’abject Daiguer et le non moins sinistre officier supérieur SS. A ce titre, l’auteur ne plaint pas l’émotivité de son lectorat et découvre volontairement, sans retenue la bassesse de l’homme dans son aura la plus crue.

Evidemment, il ne ménage pas ses protagonistes, eux-aussi promis à des heures bien sombres. Exit la juvénilité rafraichissante de Jules, l’érudition de Georges qui rendait bien sympathique le russe blanc, leur complicité pleine de sympathie, place à la survie. Force est de constater de Gérard Cousseau mène particulièrement bien son histoire, faisant s’entremêler avec adresse les péripéties des deux héros avec celle de toute une population terrorisée. Si elle avait été à peine ébauchée antérieurement, l’horreur prend ici toute sa puissance et s’y installe pesamment au fil d’un parcours comme il se doit éprouvant et plein d’émotions.

De son côté Damien Cuvillier peut se vanter de faire impression. Certes, on perçoit que la colorisation directe est de plus en plus maîtrisée, la rigueur qu’il s’impose étant on ne peut plus avantageuse pour la profondeur de ses vignettes, pour le relief de ses paysages par exemple moins plats à présent. Le travail aussi sur ses personnages reflète là aussi une recherche qui flirte avec un réalisme que Raives (Après-guerre, Les temps nouveaux…) et Philippe Jarbinet (Airborne 44), ne dédaigneraient certainement pas.

Une fin d’histoire superbement orchestrée qui fait monter la violence d’un gros cran et qui a l’avantage de susciter une bonne dose d’émotions. Une nouvelle pépite au catalogue Grand Angle de chez Bamboo.

Par Phibes, le 13 avril 2015

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