Le souffle court

 
Olivier est devenu un habitué du bar où travaille Maëlle, et si beaucoup s’accordent à dire qu’il est un peu bizarre, cela n’a pas empêché Maëlle – à qui il plaisait bien – de lui proposer de sortir ensemble. C’est ainsi qu’ils ont commencé à se fréquenter ailleurs que chacun de son côté du zinc et qu’ils se sont ouverts peu à peu un peu plus l’un à l’autre.

Etait-ce de la timidité ? Etait-ce ce soi-disant boulot qui prenait à Olivier un temps fou ? Ou bien y avait-il autre chose ? (Ou pourquoi quelqu’un ? Une autre femme ?!) Le fait est qu’Olivier était assez avare de détails sur lui-même et sur sa vie et qu’il avait plutôt tendance à fuir les questions qu’à y répondre. Comme s’il voulait cacher une partie de son passé mais en s’y prenant assez maladroitement…
 

Par sylvestre, le 16 septembre 2011

Notre avis sur Le souffle court

 
Maëlle et Olivier ont presque le même âge et se sont rencontrés dans le bar où la première travaille. Leur univers commun est donc au départ un espace très réduit que leur amour naissant va pousser à agrandir. Découvrir l’autre, c’est aussi communiquer, et la limite à l’épanouissement de leur couple en devenir va justement venir d’un problème de communication.

A éviter de trop en dire sur lui, à ne pas donner de franches explications quand on lui en demande ou à répondre par la fuite, Olivier va en effet faire prendre l’eau à la barque qu’il partage avec Maëlle avant même qu’elle ait vraiment quitté le rivage… Car Olivier a un secret qui lui pèse, un problème dont il n’arrive pas à se débarrasser. Et pourtant, ce problème est derrière lui et un avenir heureux lui tend les bras !

C’est assez loin dans le livre qu’on comprendra ce qui fait d’Olivier un être décalé et qui le rend si mal armé pour s’engager dans cette nouvelle vie que lui offre de partager avec elle Maëlle. Et d’avoir compris, on se montre tout de suite plus indulgent avec lui ; son comportement se justifie à nos yeux. Cela dit, Olivier nous énerve puisqu’alors son attitude s’apparente à nos yeux de "ceux qui savent" à un manque de confiance envers Maëlle qui pourtant lui ouvre son cœur. Pourquoi fonctionnerait-elle différemment de nous ? Pourquoi ne comprendrait-elle pas, elle aussi ? Par ses silences et par ses fuites Olivier met en péril son nouveau départ. Mais comme il a peur que le résultat soit le même s’il s’explique, il croit préserver Maëlle en lui évitant de savoir…

Tout au long des nombreuses planches en noir et blanc qui composent l’album, on assiste aux approches franches d’une Maëlle qui ne perd pas espoir et à celles, timides et maladroites, d’un Olivier pour qui tout va sûrement un peu trop vite. Dans ces situations, la fragilité n’est pas un vain mot, tout pouvant "casser" à cause de l’un ou de l’autre. Mais on a espoir… et on a bien raison ! Les dessins d’Alexis Horellou dressent un environnement et des ambiances adéquats à cette histoire que Delphine Le Lay nous raconte avec délicatesse ; une délicatesse dictée par la fragilité de la relation qui se construit entre les deux acteurs principaux sous nos yeux de lecteurs attendant une "libération" que la fin… nous réserve !

Un bon noir et blanc à découvrir aux éditions Les Enfants Rouges.
 

Par Sylvestre, le 16 septembre 2011

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