SORTILÈGES
Livre 3

Blanche, devenue reine d’Entremonde à la suite de la disparition de son père, a tué sa mère Sophora. Son royaume, aux mains de l’oppresseur, est désormais en plein tourment et certains, dans le giron du futur successeur éploré et bossu, Ogier, entendent bien profiter de la situation. Prête à reprendre le pouvoir, la jeune femme a du mal à trouver des partisans. De son côté, Maldoror peut enfin gérer à nouveau sur le monde qu’est le sien, celui d’En-Bas et entend prêter mainforte à sa dulcinée Blanche. Pour cela, il s’adjoint les services maléfiques de Miranda la sorcière pour lever une armée de l’ombre, celle de Raz Gul. Mais pour cela, il doit donner de sa personne. Par ailleurs, l’intrigant cousin royal Saumure se prépare, lui aussi, à tisser une alliance avec Aldora, la sœur de Maldoror, qui a décidé de se venger de son frère et pour cela, est prête à lui confier son armée de fidèles. Il ne fait aucun doute que les jours à venir vont être des plus sombres car une bataille sans précédent va se dérouler aux confins du royaume, dans les zones les plus fétides de ce dernier.

Par phibes, le 15 septembre 2014

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Notre avis sur SORTILÈGES #3 – Livre 3

Après avoir suscité bien des émotions lors de son acte fatal perpétré sur sa traitresse de mère, Blanche, la reine d’Entremonde revient parmi nous, cette fois-ci dans une situation qui n’est pas forcément à son avantage. Son royaume est aux mains de ses adversaires, son frère est en passe de devenir le nouveau souverain et les intrigues dans son entourage sont multiples. Dans ce contexte sulfureux, Blanche ne souhaite qu’une chose, reprendre son trône comme Maldoror, le maître du royaume d’en-bas l’a fait en destituant sa conspiratrice de sœur. Evidemment, la chose n’est pas si aisée car l’adversaire est omniprésent et surtout comploteur. Pour cela, il apparaît évidement que cette reconquête se fasse par l’union et par la force.

Ce troisième opus reste d’un très bon niveau narratif, Jean Dufaux se permettant ici de mêler, avec une certaine délectation, fantastique démoniaque et légèreté aventureuse. Le scénariste joue subtilement sur les deux mondes dont il est à l’origine (En-Bas et En-Haut) et leur permet ici de ne faire qu’un, à la faveur de la rencontre de deux êtres que tout sépare et qui se vouent un certain amour. Des intrigues se créent à la faveur d’ambitions dévorantes (Saumure, Miranda), des alliances évidentes s’établissent comme celles entre Blanche et Maldoror, d’autres insoupçonnées comme celle de Saumure et Aldora. Le tout pour aboutir à un affrontement hors normes, faisant intervenir des forces qui n’ont rien d’ordinaire.

Evidemment, dans ce contexte sulfureux, la guerre qui se prépare donne l’occasion d’assister à des élans d’humour des plus rafraîchissants. A ce titre, Jean Dufaux semble vouloir nous prendre à contrepied et s’amuse à installer certains de ses personnages (Horibili, Taillevent, Raz Gul…) dans des situations assez nombreuses pleinement cocasses, pour ne pas dire délirantes. Il va de soi que cette volonté scénaristique est pour le moins appréciable et rend de fait l’histoire, qui balance allègrement entre drame sanglant et conte humoristique,, bien plus légère.

Force est de constater que le dessin de José Luis Munuera augmente de façon considérable l’intérêt de cette aventure. En effet, ce dernier est à l’origine d’une expression artistique ensorcelante, grâce à l’utilisation d’un coup de crayon à la fois très expressif et un tantinet cartoonesque. Son trait est des plus adroits, maîtrisé dans les formes tant dans les plus monstrueuses que dans les plus graciles, les proportions, les détails de toutes sortes (les scènes de batailles sont remarquables), et mis en valeur par une colorisation de Sedyas très efficiente.

Une suite comme on l’espérait, intrigante et guerrière, qui se lit très plaisamment.

Par Phibes, le 15 septembre 2014

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