SOLO
Le coeur et le sang

Après avoir quitté le cocon familial et enduré bien des épreuves qui ont forgé à la fois son caractère et son physique, Solo le rat semble enfin avoir retrouvé, auprès de Lyra, les repères qui lui faisaient défaut. Jouissant désormais d’un énorme réconfort et d’une certaine stabilité, il participe activement à la vie de la communauté qui l’héberge. Jusqu’au jour où Lyra retrouve son ami d’enfance, le massif Grand. A partir de cet instant, Solo a la sensation que sa dulcinée se détache de sa personne et de fait, commence à entretenir une rancœur lancinante. Se sentant de trop, il décide de quitter Lyra et repart dans la sauvagerie. C’est lors de son errance que le rat va retrouver certains repères qui vont lui permettre de peser sa décision vis-à-vis de Lyra. C’est sans compter sur une menace qui plane sur la communauté ratière et qui va pousser indubitablement Solo à agir.

Par phibes, le 17 janvier 2016

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Notre avis sur SOLO #2 – Le coeur et le sang

Après un premier épisode pour le moins engageant, Oscar Martin persiste dans cet univers animalier qu’il affectionne tout particulièrement et qui met en évidence des animaux humanisés tels ceux de son diptyque réalisé précédemment avec Miroslav Dragan et intitulé La Guilde. Nous le retrouvons dans cette nouvelle saga aux accents post-apocalyptiques dans laquelle l’on suit les pérégrinations de son personnage central, le rat Solo.

Ce deuxième épisode conserve la teneur sombre que l’on a pu apprécier antérieurement au fil de l’initiation guerrière douloureuse du muridé mais cette fois-ci, un tantinet tempérée par l’apparition de Lyra, devenue sa compagne et également son élément de stabilité. Malheureusement, cet équilibre est appelé à être remis en question par l’arrivée d’une tierce personne qui va pousser Solo, déstabilisé, à prendre une décision qu’il pourrait regretter.

Cette suite est donc l’occasion de s’appesantir longuement sur le combat permanent de ce dernier, dans un monde où le danger peut survenir à tout moment sous n’importe quelle forme. S’il peut en effet prendre l’apparence d’un monstre dégénéré ou d’un raid préparé sournoisement par un contingent d’humains, il peut également se découvrir sous un aspect plus insidieux et qui touche l’affectif. Tout en instillant une intrigue sur la communauté ratière, Oscar Martin s’emploie à égratigner Solo. De fait, à la suite d’un fait presque anodin, ce dernier va se plonger dans un conflit intérieur. A ce titre, son état psychologique est passé au crible. A la faveur d’une voix-off très prégnante, on découvre ses humeurs, ses doutes, ses réactions à froid, ses réflexions les plus intimes vis-à-vis de son aimée, sa colère, son désarroi et ce, au travers d’une fuite qui va tout de même lui apporter des réponses.

Evidemment, loin de se focaliser sur ce combat intérieur tortueux, Oscar Martin joue aussi agréablement avec les surprises et avec l’action la plus violente. Il ne manque pas à cet égard de rappeler comment s’articule son univers mutant et cannibale qui lutte pour une certaine survie et qui fait interagir une faune peu ragoutante. Sur ce point, il associe à son récit des fiches techniques qui symbolise les différentes espèces qui se croisent.

Graphiquement, le travail sur ce monde animalier décadent est superbe. Les personnages humanisés qui semblent sortis d’un dessin animé de Disney ont une réelle présence et bénéficient d’une profondeur perceptible. Il suffit de voir les postures, les expressions de ces derniers pour s’en persuader qui traduisent évidemment de grosses recherches et également une maîtrise incontestable.

Un deuxième épisode entreprenant qui tend à faire penser que dans un monde de brutes, il peut y avoir des sentiments. Une suite d’histoire certes sombre mais rafraîchissante qui se voit agrémentée de 3 récits courts et d’un ex-libris !

Par Phibes, le 17 janvier 2016

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